C’est encore un roman passionnant et haletant que nous offrent les éditions du Rouergue dans le collection doAdo Noir. Roman d’aventures, roman initiatique, quête de l’identité…

Quand Robert Smith se réveille, malgré l’anesthésie, et découvre ces gens autour de lui qui le considèrent comme un monstre, il n’a qu’une idée : s’enfuir !
Et le roman raconte sa fuite, comme la cavale d’un meurtrier évadé, poursuivi par un certain Ryan et des hommes en noir plus dangereux que des policiers.

A seize ans, un adolescent s’interroge naturellement sur son identité, ses émotions, sa place dans la famille et dans la société… Robert se pose les mêmes questions mais dans l’urgence et avec l’angoisse des réponses qu’il pourrait découvrir.

Qui est-il ? Mais le « qui », réservé aux humains, est-il bien adapté ? Le titre, resté intraduit, révèle cette ambiguïté. "Human being", c’est un être humain. Mais lui est un "being", tout court, un être sans qualificatif…

Enfant abandonné, il a connu des dizaines de foyers avant d’arriver dans la famille d’accueil où il vivait tranquillement jusqu’à cet examen médical a priori banal…
Comme tout ado dans cette situation il s’interroge sur sa mère, sur les raisons et les circonstances de l’abandon…

Mais avant tout, il faut échapper à ses poursuivants. Autobus, train, hôtel… Il se cache. C’est d’autant plus difficile que sa photo s’affiche dans tous les journaux où il est présenté comme l’assassin d’un médecin de l’hôpital. Une récompense de cinquante mille livres est offerte pour toute information aboutissant à son arrestation. Il vit dans l’angoisse d’être reconnu, dénoncé, rattrapé par la police ou par les hommes en noir, et livré au mystérieux Ryan.

Il se réfugie chez Eddi, une jeune fille qu’un copain, John Blake, lui a présentée un soir.
« Ce n'était pas une soirée particulièrement mémorable. Mais je m'en souviens. D'une part parce qu'Eddi Ray était vraiment cool, d'autre part parce qu'elle était exactement celle dont j'avais besoin dans l'immédiat. Mais surtout parce que personne ne savait que je la connaissais, en dehors de John Blake qui était mort d'une overdose six mois plus tôt. Donc, personne ne savait que je connaissais Eddi Ray. Absolument personne. Et si personne ne le savait, Ryan ne le saurait pas. »

La suite du roman devient leur fuite à deux, dans une relation plutôt compliquée.
Quelle confiance chacun peut-il avoir en l’autre ?
Elle a lu le journal qui le présente comme un assassin en fuite. Il est d’ailleurs armé d’un pistolet. Il sait qu’elle vit d’arnaques et de combines, de la fabrication et de la vente de cartes de crédit et de faux papiers… Pourquoi résisterait-elle aux attraits des cinquante mille livres de récompense ?

Cette relation n’est pas sans poser à Robert de nouvelles questions. S’il n’est pas totalement « humain », comment et pourquoi ressent-il des émotions si humaines et cette attirance, y compris physique, pour la jeune femme ?

Des questions, beaucoup de questions, mais aussi de l’action, ininterrompue, et une histoire où les sentiments jouent un rôle important.
Voilà les composantes idéales d’un bon roman pour adolescents. Pas étonnant qu’il ait obtenu le prix littérature jeunesse de la Foire de Francfort…

Serge Cabrol 
(05/05/08)