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Joëlle ECORMIER
Je t'écris du pont
Nous avons déjà présenté Joëlle Ecormier qui écrit pour la jeunesse de superbes livres où l’humour et l’amour des mots sont toujours présents. Voici son premier recueil de nouvelles pour les adolescents.
Joëlle Ecormier aime aussi les êtres et les thèmes qu’elle aborde sont emplis de réflexions et d’analyses sur le monde. La tendresse et l’amour, l’humanisme dans ses plus belles dimensions, l’amour et l’amitié étouffants qui peuvent détruire les relations, la nécessité d’exprimer ses sentiments avant qu’il ne soit trop tard voilà quelques thèmes de ce recueil.
L’amour de Thomas pour Najwa va continuer même après son suicide. Salima les a aidés car s’aimer à l’adolescence n’est pas toujours permis. Les lettres vont continuer à les unir : « Notre pont à tous les deux, on a réussi à le faire tenir quelques mois, presque une année, suspendu entre nos deux mondes, entre mon minaret et ton clocher. Un miracle. Mais tu vois, c’est le genre de miracle qu’on n’accomplit pas à coup de prières mais de mensonges. Combien de temps peut-on mentir? Pas toute une vie, je ne pense pas. Je ne crois pas qu’il aurait pu tenir très longtemps ce pont, il aurait fini par se casser un jour ou l’autre et on se serait fait très mal tous les deux. Même un amour aussi grand ne résisterait pas. Regarde le pont de la rivière St-Étienne, tu aurais cru toi qu’il s’effondrerait un jour ? II a fini en miettes comme un château de cartes écroulé, et ce n’était pas à cause du vent, ni de la foudre, ni du diable. C’était l’eau, l’eau douce a usé les piles lentement. II y a de l’eau sous tous les ponts, Thomas. »
Najwa est partie mais elle lui a laissé des lettres. Il va continuer à lui écrire pour résister au désespoir de l’avoir perdue : « Tu vois, je t’écris encore. Sur des feuilles simples à petits carreaux. Je t’écris du pont. Je t’écris chaque soir depuis que tu as sauté. Je sais pas comment tu as pu faire, c’est haut. Quarante mètres. Ça fait peur. Il faut un sacré courage ou une sacrée trouille de vivre, je sais pas. C’est ma trentième lettre pour toi. Je t’écris mais c’est toi qui me réponds plus. C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour pas devenir fou. Te parler, te raconter le bazar qu’il y a là-dedans, ta douleur, l’envie de hurler. » Une superbe nouvelle sur l’amour à une époque où certains votent contre les minarets. Il ne faut pas se tromper de combat. Seuls l’échange et le partage des sentiments dans le respect de l’autre pourront lutter contre les intégrismes de tous bords.
Un enfant en fauteuil roulant va découvrir que l’amitié ne s’obtient pas si facilement : « Marco a t-il dit en faisant rouler le « r » comme on n’achète pas un ami, je te l’offre. L’amitié c’est une histoire de cadeau, il ne faut pas y mêler l’argent. »
Ariane a une arrière grand-mère qui déteste les portables qui enchaînent les jeunes, les privent de liberté et les empêchent de se parler. Une relation forte se noue entre elles deux.
La correspondance joue aussi un rôle dans la nouvelle Le cadeau fait à Lancelot où l’amour d’une mère pour son fils sera étouffant.
Babylone, un prisonnier, va échanger avec l’auteur qui est venu animer un atelier d’écriture en prison. Il lui remet un texte qui parle de sa vie.
J’ai oublié de te dire est un très beau texte sur ce que l’on ne doit pas oublier de dire à ceux que l’on aime.
Un recueil passionnant sur l’adolescence, ses forces, ses fragilités et ses sentiments portés par une écriture pertinente et émouvante.
Brigitte Aubonnet
(26/12/09)
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Jeunesse
Océan Éditions
Océan Ados
144 pages – 11 €
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