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L'action se déroule à Babylone, dans l'Antiquité : lors d'un banquet, Alexandre le Grand s'effondre, brutalement. Ses généraux, immédiatement, doivent non seulement se préparer à se déchirer pour se partager l'Empire et le pouvoir, transmettre l'esprit de conquête d'Alexandre, perpétuer la mémoire de ce personnage extraordinaire, mais surtout, avant tout, veiller sur lui et l'aider à mourir en exécutant ses dernières volontés. Alexandre souhaite avoir à son chevet Dryptéis, fille du roi Darius, vaincu naguère par Alexandre, veuve d'Hephaistion ; cette femme qui habite aux confins du royaume, retirée du monde dans un temple, est déchirée à l'idée d'abandonner son tout jeune fils à une nourrice inconnue pour se lancer dans une traversée de l'Empire et retrouver, dans une rencontre mystérieuse, au seuil de la mort, ce roi. Il faudra ensuite enterrer la dépouille de celui-ci, déjà objet de convoitises et de rivalités. Dryptéis accompagne le convoi du voyage, parle à Alexandre, va jusqu'au bout d'elle-même et affronte, elle aussi, sa propre mort. Aussi cette femme devient-elle une héroïne, dans la grandeur de sa lucidité et de son dénuement. Dryptéis sait qu'elle a échappé au temps. Elle vit dans une intensité qu'elle n'a jamais connue. Elle sent l'air qui l'entoure. Elle est heureuse de chaque bruit, de chaque frémissement du vent. Elle regarde son fils qui écoute un des grands garçons lui raconter une histoire et, dans son esprit, elle l'embrasse. Elle prend une poignée de poudre de safran et elle la jette dans sa direction. L'épice flotte un temps dans l'air. Elle ferme les yeux pour recommander l'enfant à la vie. Que les dieux voraces le laissent en paix et que les hommes l'oublient.[ ] Elle sait qu'elle mourra bientôt mais c'est sans importance. Elle a réussi à semer l'Empire. Elle n'a jamais été aussi vivante que là, sur ce rocher. Elle est dans le cur vif des choses où les instants passent avec lenteur et où tout est vital. Et plongé au cur de ce récit où se mêle une polyphonie de voix mystérieuses ou inconnues et de murmures immatériels, où un cavalier mystérieux traverse l'Empire pour aller à la rencontre d'Alexandre, le lecteur traversera des paysages lunaires, totalement désincarnés et pourtant grandioses. Mais qu'on ne s'y trompe pas : il ne s'agit pas d'une fresque historique, mais d'un récit, que traverse un souffle épique et à la faveur duquel l'auteur aborde des thèmes qui lui sont chers et qui structurent son uvre : la transmission, l'hérédité, le passage entre la vie et l'au-delà mais aussi le deuil et le voyage, entre errance et quête ultime de la mort. Si vous avez aimé La mort du roi Tsongor (2002), La porte des enfers (2008), sans nul doute vous adorerez ce roman où l'histoire rejoint le mythe qui retrouve son sens originel : expliquer l'inexplicable, tenter de donner un sens à ce qui fait l'humanité de l'homme. Un récit merveilleux dans tous les sens du terme. Sylvie Legendre-Torcolacci |
Sommaire Lectures Editions Actes Sud 192 pages - 18 €
Bio-bibliographie sur Wikipédia Découvrir sur notre site d'autres romans du même auteur : La Porte des Enfers Ouragan |
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