Après avoir évoqué la vie de son père dans Avec tes mains, Ahmed Kalouaz a parlé de sa mère dans Une étoile aux cheveux noirs. Dans ce texte, A l'ombre du jasmin, Ahmed Kalouaz dialogue avec sa sœur Mimouna qui est morte trois mois avant sa naissance. Les absents existent encore à leur façon et s'impriment dans le parcours des vivants.

Les allers-retours nous mènent du passé imaginé au présent où une part d'invisible influence forcément les différents membres de la famille. Ahmed Kalouaz met en mots cette fillette pour lui créer une image car il n'y a aucune photo d'elle.

La mère bouleversée par la mort de sa fille a décidé avec son mari de quitter l'Algérie où deux de ses enfants sont déjà morts. Elle a voulu fuir sa douleur en quittant son pays, en voulant tourner la page et elle a livré les souvenirs concernant sa fille au compte-goutte enfermée sur sa peine : Un grand silence surtout. Notre mère n'a rien oublié, ni de ton visage ni le grain de ta peau. […] Mais la phrase de notre mère prouve qu'il y a des mots restés logés dans une lointaine alcôve, et que personne n'est allé chercher. "C'est incroyable, je ne sais même pas de quoi elle est morte, je ne sais même pas. Elle jouait dehors, belle comme un diamant…"

Ce texte aborde donc le secret de famille et son implication dans le parcours de ceux qui sont concernés.

Ahmed Kalouaz en cette absence de mots des parents, ce vide autour de la mort de sa sœur, a traqué les mots qu'il dépose au cœur de ses livres. La création littéraire l'a mené vers la vie et Mimouna retrouve une existence au-delà de ses quatre ans.

Son écriture poétique nous a souvent enchantés et ce texte nous donne une des clés de sa passion pour la littérature.

Brigitte Aubonnet 
(04/01/13)