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Léo LAMARCHE


Macadam blues



Freddy, un adolescent de 15 ans, vit dans une sinistre cité de la banlieue de Troyes entre un frère solidement installé dans la délinquance et une belle-mère violente avec lui. Son père est en prison, sa mère est junkie. Son univers est la rue, avec ses dures lois.
Freddy s'évade en écrivant du slam sur un petit carnet qu'il garde tout le temps sur lui. Il rêve d'une autre vie.

Un matin, à la suite d'une énième dispute avec sa belle-mère, il quitte son domicile et décide de partir pour Paris. Là-bas, tous les espoirs sont permis.

Mais après quelques mois de fêtes nocturnes, Freddy n'est qu'un petit revendeur qui deale pour se payer sa dose. Le temps passe, il enchaîne les fixes et les cachets de méthadone. Autour de lui, les copains meurent d'overdoses. Freddy apprend qu'une héroïne coupée circule sur le marché. Mortelle pour qui la consomme, elle pourrait bien avoir été mise en circulation par le pouvoir pour se débarasser de la vermine. Freddy voudrait vivre autre chose mais comment échapper à cette spirale infernale qui vous happe, vous domine, enrôle de force votre volonté, annihile vos états d'âme, vous confisque tout jusqu'à votre dignité ?

Tracer la ville. Avancer dans la bruine de novembre pour épuiser la bête qui pointe ses frissons secs, sa fébrilité d'artères et de nerfs, de moelle tapie au fond des os qui saillent. Tracer la ville, parce qu'il n'a plus rien et que ce rien lui déchire l'âme. Trouver Momo, enfin, et lui taxer sa merde. De quoi en finir une bonne fois pour toutes. Et le Momo, c'est sûr qu'il en a.
Derrière ses pas, déjà, les murs de squat s'effritent, semblent s'écrouler sur les corps endormis. Les haleines avinées, saturées de crack bon marché, l'opium du pauvre qui vous fait gerber vos neurones à tirer sur la pipe. Les corps entassés planent dans cet entre-deux où tout est possible et rien n'est assuré. Freddy a trouvé là, durant deux ou trois jours, une relative tranquillité : même les flics évitent cet îlot sordide où pourtant on deale ferme. Et où les corps s'expurgent.


Un roman noir poignant, au style percutant. L'univers des junkies y est dépeint sans fausse pudeur ni voyeurisme. La douleur physique et la solitude générées par la dépendance aux drogues dures y sont palpables, criantes de vérité.

Un livre à prescrire à tous les adolescents.

Cécile De Ram 
(26/06/10)    



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Coups de tête


115 pages - 10 €







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