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Audur Ava ÓLAFSDÓTTIR


L'embellie



La narratrice rentre chez elle un soir pour apprendre que son mari va la quitter pour une autre qui attend un enfant. Elle, n'en a jamais voulu.
Elle accepte, elle n'a guère le choix. Il vient chercher ses affaires, revient souvent la voir, se croit encore chez lui alors qu'elle se prépare déjà à vivre autrement : "Ce n'est sans doute qu'après notre séparation qu'il m'est venu à l'idée que j'aurais dû essayer de connaître mon mari comme il faut."

Elle décide de partir en voyage lorsqu'une amie lui demande si elle peut garder son fils de quatre ans qui est sourd. Cela commence par un week-end pour se poursuivre pendant plusieurs semaines. La relation avec cet enfant, elle qui n'en a jamais voulu, évoluera au fil du roman. Le thème de la différence est abordé en montrant comment une femme qui ne connaît rien à la surdité trouve les moyens de communiquer avec un petit qui n'entend pas : "Je m'accroupis pour que nous puissions au moins nous regarder dans les yeux pendant qu'il s'exprime."

Elle choisit de l'emmener avec elle pour faire le tour de l'Islande, son pays, toujours aussi étonnant au cœur d'une nature exceptionnelle : "– Cette année, il a plu deux cent quatre-vingt-quinze jours sur trois cent vingt. Pas mal, hein ? Nous avons mis ce record dans notre brochure. De toute façon, personne ne vient en Islande pour prendre des bains de soleil." La narratrice veut retourner sur les lieux de son enfance. Lors d'une tombola, elle a gagné un chalet qu'elle fait installer dans le village où vivaient ses grands-parents.

Nous suivons cette femme dans ce voyage "initiatique" car elle cherche à se retrouver avec elle-même et à définir comment elle désire vivre désormais. La relation avec le garçonnet s'enrichira au fil des pages. Sa liberté de femme va aussi s'exprimer. Elle réalise à quel point elle peut vivre sans contrainte contrairement à bien des femmes de par le monde. Elle s'analyse sans concession et n'hésite pas à se moquer d'elle tout en se posant beaucoup de questions sur le sens de la vie. Ce voyage sera pour la narratrice l'occasion de remettre en questions beaucoup de ses habitudes : "…aucun moyen de se rendre compte de l'aspect du monde ni de ses bornes, la lave hérissée n'a pas d'odeur. Je sais pourtant qu'il y a quelque chose de grandiose à quelques mètres devant nous, mais quoi ?
– Qu'allez-vous me montrer ?
– Ça.
– Ça quoi ?
– L'obscurité.
– L'obscurité ?
– Oui, n'êtes-vous pas une enfant de la ville ?
"

Ses différentes rencontres vont être à chaque fois de nouvelles découvertes. Elle croise trois hommes et réalise que dans d'autres pays elle ne pourrait pas vivre aussi librement : "Dans de nombreux pays du monde, je m'en rends bien compte, on m'aurait exécutée plus d'une fois pour moins que ça."

Quarante-sept recettes de cuisine et une recette de tricot, rencontrées au fil de L'embellie terminent le roman avec des notes d'humour : "On peut préparer du café imbuvable de diverses façons, la manière la plus simple consistant à laisser le paquet de café ouvert quelques jours dans un placard avec les biscuits à la crème, les ampoules, les piles et les sachets de thé."

Ce roman, très agréable à lire, est partagé en petits chapitres qui rythment bien la lecture. L'ironie qui émaille le texte donne une tonalité sympathique et dynamique.

Brigitte Aubonnet 
(17/09/12)    



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Lectures









Editions Zulma

(Août 2012)
400 pages - 22 €


Traduit de l'islandais
par
Catherine Eyjólfsson





Photo © Zulma / Opale
Audur Ava Ólafsdóttir,
née en 1958 à Reykjavík,
a fait des études d'histoire de l'art à Paris. Elle est directrice du Musée de l'Université d'Islande.



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