Alain Mabanckou l’a découverte très tôt en photo chez son oncle au Congo. Il a assisté à ses conférences et reprend les éléments essentiels de sa vie engagée dans le monde. Nous revoyons les moments douloureux de ses incarcérations. Angela Davis est une femme de courage qui n’hésite jamais quand elle défend une cause.

Alain Mabanckou s’adresse à Angela Davis comme s’il lui envoyait une longue lettre d’admiration.
« Depuis le choc de l’affaire George Floyd, et en dépit des promesses politiques sur la réforme de la police, l’Amérique enregistre une augmentation continue des crimes imputés aux forces de l’ordre. En 2022, le Washington Post a publié un bilan établi sur la base des articles de la presse locale, des données officielles, des faits postés sur les réseaux sociaux. Le célèbre journal rapporte que près d’une centaine d’individus sont tués chaque mois par la police. […] Dans ton texte, tu parles de "violence de l’État". Tu dis avec virulence que ses conséquences sont perceptibles aussi bien dans la rue que dans les quartiers les plus déshérités et dans les prisons, occupées en grande partie par les minorités...»

Le port des armes à feu est garanti par le deuxième amendement de la Constitution aux USA, ce qui est un problème récurrent aux Etats-Unis ainsi que les violences de tous ordres contre les personnes noires. Dans les années 70, des prisonniers noirs activistes ont été abattus dans la cour de promenade par un gardien blanc.
De nombreux meurtres continuent d’être commis par des policiers ou des personnes armées sans conséquences pour eux.  Angela Davis a toujours dénoncé ces agissements.
« Même en 1972, quand tu fus suspectée de complicité dans une prise d’otages ayant causé la mort d’un juge fédéral, quand tu risquais la peine capitale, tu n’as pas renoncé à ton intégrité intellectuelle. Face à l’Amérique tout entière indignée, tu clamais ton innocence et réclamais qu’elle attende le verdict avant de te juger coupable. Ta chute paraissait pourtant inévitable. Tu avais le profil idéal pour incarner une activiste jusqu’au-boutiste qui aurait fourni l’arme du meurtre : une femme noire, communiste, militante promouvant le Black Power. »

Angela Davis a connu la prison, aurait pu être exécutée mais elle a toujours été soutenue par l’opinion publique et a été innocentée. Elle n’a jamais cessé ses combats.

Beaucoup reste à faire pour obtenir l’égalité des droits civiques entre les Noirs et les Blancs aux USA et contre les violences exercées. Angela Davis aura lutté toute sa vie et continue à le faire et Alain Mabanckou a bien raison de nous le rappeler dans ce live aussi passionnant que salutaire.

Brigitte Aubonnet 
(13/09/24)