Henri vit chez sa sœur Rachel en Normandie. Il était professeur mais il a démissionné de l’Éducation Nationale car il est passionné de musique et il avait l’impression de passer à côté de sa vie. Il pensait sortir un CD et vivre de sa musique mais c’est plus compliqué que prévu. Après avoir exercé plusieurs métiers, il voit une annonce pour un poste de professeur de musique à Bamako. Là, il rencontre Véronica avec qui il vit une histoire d’amour mais rien ne se passe comme prévu non plus…
« Il ne savait plus où il en était. À peine arrivé au Mali, il avait été cueilli par les filles de la nuit. Mais avec Veronica, le temps était passé si vite. Au bout de six mois dans la poussière, sous la chaleur et surtout avec les quelques économies qu’il avait faites et les maquettes qu’il avait enregistrées, il se sentait prêt à rentrer à Paris. Avec Veronica, c’était quoi ? »

Robert est vigile dans un magasin. Il reste mystérieux sur sa vie. Il aime aller boire des verres en boîte de nuit. Un soir, dans un bar-tabac, Annie, professeur de français, l’accoste au comptoir et lui fait une proposition inattendue. De nouveau, rien ne se passe comme prévu… « Annie fait dos à l’homme. Elle sait qu’il va ou qu’il a regardé son derrière car il faudrait être aveugle pour ne pas le voir. Ce derrière fait la moitié de sa personne. Même Picasso exagérerait pas autant, aime-t-elle à dire pour rire d’elle-même. Mais elle lave les tomates dans l’évier, sent l’eau couler sur ses mains et oublie. Elle sait qu’elle déforme elle-même son image pour se punir. Elle sait que certains hommes donneraient tout pour mettre la main sur son popotin et passer l’épreuve du feu avec elle. De ce point de vue, Robert est une prise facile. Elle le sait aussi. »

Jean Turkyilmaz, maître d’internat dans un lycée, a l’impression d’être envahi par une force surnaturelle. Il est poursuivi par les gendarmes et pénètre dans une maison. Sa vie a complètement basculé. Il se met à pleurer. Il sent un regard posé sur lui. C’est celui de Manon, huit ans, qui le regarde de façon très étrange. Elle lui parle comme si elle était une adulte…
« – Les gens pensent que je suis bizarre, dit Manon en faisant le tour de la table basse, comme si c’était son tour de se confier. Même à l’école. Surtout à l’école. Et ils ont bien raison ! Mon père et ma mère ne sont pas vraiment futés mais ma mère sent un peu mieux les choses. Même si ça la rend folle de ne pas comprendre. Et je ne peux évidemment pas leur dire tout ce que je sais. »

On entre vite dans la vie de chacun des personnages. L’écriture est dynamique, les rencontres étonnantes, les dénouements surprenants, ce qui rend la lecture passionnante et vive.

Brigitte Aubonnet 
(12/07/24)