Retour à l'accueil du site





Chantal PORTILLO


Nul ne connaît l’histoire de la prochaine aurore


Voici un roman très documenté sur la période de la colonisation française en Algérie à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle.

Chantal Portillo donne le point de vue de différents personnages : Dassine, une poétesse touareg ; Takama, une ancienne esclave au service de Dassine ; Moussa, un Touareg qui a tenté de préserver la paix malgré le désir de colonisation des Français et la résistance des Touaregs pour défendre leur désert. De nombreux passages réservent une place de choix à Charles de Foucauld, personnage étonnant qui aura une relation amicale avec Moussa. Entre eux, naît un profond respect malgré leurs regards différents sur la colonisation.

« Charles a de l’amitié pour ce jeune chef qui se bat pour sa terre, pour son peuple, au risque de se situer de manière équivoque pour sauvegarder ses tribus : être proche des Français, mais pas très loin des indépendantistes. Il le comprend, comprend son attitude son extrême attention à tout mouvement des Français, sa vigilance, et ce lien qu’il maintient avec les rebelles avec discrétion. »

S’entremêlent les ressentis des différents personnages sur les épisodes de combats ainsi que tous les faits historiques qui nous rappellent le rôle de la France qui voulait à tout prix dominer les Touaregs et les soumettre pour pouvoir développer le territoire de la France dans une région qu’ils découvraient, le désert algérien magnifiquement décrit par Chantal Portillo qui présente ce qui anime les Touaregs, la richesse de leur poésie, leur conception de l’honneur, leur goût pour les combats…

« Dans son ventre, nous entendons déjà le chant du désert. La poésie c’est le soupir du sable dans l’étreinte implacable du soleil, c’est la plainte des pierres fouettées par le vent. La poésie c’est le souffle des présences innombrables qui nous frôlent, que nous craignons sans l’avouer tout à fait. C’est notre façon de dire, de nous dire, de nous taire. Nous composons dans la solitude et pour dire notre solitude. Nous psalmodions le poids de l’absence, l’espérance des retrouvailles. Nous clamons l’amour, le combat, nos affrontements et nos victoires, nos défaites. Nous racontons nos origines. Et Allah qui est en toute chose aussi présent que la soif qui est notre compagne et l’espoir d’un peu d’ombre au bout de la piste. »

Plusieurs chapitres sont consacrés à Charles de Foucauld, ermite dans le Hoggar, sur les monts Assekrem. Il apprend la langue des Touaregs, le Tamasheq, et traduit leur poésie qu’il considère comme une grande richesse. Il s’est passionné pour la culture des Touaregs. 

C’est un roman très profond porté par l’écriture poétique de Chantal Portillo qui sait nous enchanter en nous menant dans la complexité d’un lieu mythique où les humains se confrontent en quête d’essentiel. Dans un contexte mondial instable et violent, ce roman met en évidence la réflexion qu’il faut toujours mener sur ces désirs de colonisation à l’origine de beaucoup de conflits et de douleur.

Brigitte Aubonnet 
(21/05/24)    



Retour
Sommaire
Lectures







Chantal  PORTILLO, Nul ne connaît l’histoire de la prochaine aurore
Bérénice
156 pages - 15




Chantal Portillo

Visiter son site :
www.chantal-
portillo.com






Découvrir sur notre site
d'autres livres de
Chantal Portillo :

Petite Punaise blanche

La croqueuse

Bilquis

Et que la nuit glisse
sur le bleu de ta jupe


Gandhi :
"Non la violence"


Que vaut la vie
d’un homme ?


Tsigane-Oiseau