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Voir sa mère vieillir n’est jamais simple. La mère d’Anna Dubosc, Koumiko Muraoka, écrivait de la poésie et maintenant qu’elle perd peu à peu ses capacités, c’est sa fille, Anna Dubosc, qui note toutes les dérives de sa mère pour écrire son propre texte : « Ça fait sept ans qu’elle n’écrit plus, depuis que je suis moi-même publiée, comme s’il n’y avait pas de place pour deux dans l’écriture ou qu’il suffirait qu’une seule de nous deux écrive. » Anna Dubosc nie la réalité de ce qui se passe. «Je ne voulais pas le savoir. Tout ce que je voulais c’est qu’elle continue de faire son boulot de mère » ce qui n’est plus guère possible car Koumiko a 77 ans. « Pourquoi s’emmerder avec la réalité qui nous rappelle à tout moment qu’on va mourir ? […] Le monde est divisé en deux, ceux qui ont accès à Koumiko et ceux qui vivent dans l’ignorance. Ma mère n’était pas déprimée. Tarée, hystéro, mais pas déprimée. » Anna passe de l’énervement à l’inquiétude car sa mère se perd souvent et erre dans la ville. Elle réalise à quel point il est difficile d’exprimer son amour. Anna Dubosc évoque avec beaucoup de franchise ce long cheminement qu’est la vieillesse avec la perte des repères, de la mémoire immédiate. Elle ose écrire que sa mère la gêne, l’importune dans ses dérèglements. C’est une très belle écriture pour dire la peine, la colère, la révolte et l’amour indéfectible qui existe entre une fille et sa mère.
Brigitte Aubonnet |
Sommaire Lectures Rue des Promenades (Avril 2016) 204 pages - 12 €
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