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Comme dans ses précédents romans, l'auteur met en scène un narrateur enfant et, une fois encore, le choix s'avère convaincant. Gilles Paris présente ainsi une réalité vue par un regard qui n'en comprend pas tout – ou parfois autrement – mais qui observe intensément. Ce décalage ouvre un espace pour l'humour, la poésie, et permet à l'auteur de s'aventurer dans un fantastique proche du réalisme magique sud-américain en apportant une certaine porosité à la frontière entre les vivants et les morts. Victor, à la fin de ses vacances, décide d'écrire le livre des événements qui se sont déroulés pendant l'été. C'est cet ouvrage, L'été des lucioles, que nous avons entre les mains. J'ai deux mamans et un papa qui ne veut pas grandir. Comme tous les étés depuis cinq ans, Claire, Pilar, Victor et
Alicia s'installent à Roquebrune-Cap-Martin, près de Nice, dans
un appartement que François a hérité de sa sur Félicité
décédée dans un accident de la route, un appartement où
il a toujours refusé de mettre les pieds. Trois personnages vont jouer des rôles déterminants dans ces surprenantes
aventures. Les deux autres sont Tom et Nathan, des jumeaux du même âge que
Victor, qui lui proposent de visiter clandestinement les belles villas inhabités
de Roquebrune. Victor en parle à Gaspard et Justine qui acceptent de
partager l'aventure. La fillette doit sans cesse ruser pour échapper
à sa gouvernante mais le jeu en vaut la chandelle. Au fil des jours, Tom et Nathan se révèlent très mystérieux et personne, pas même la gardienne de la résidence, ne les connaît. Qui sont donc ces deux enfants ? Pourquoi proposent-ils ces visites à Victor ? On le saura en temps voulu et l'on verra que Gilles Paris n'hésite pas à s'aventurer sur le terrain du fantastique et faire communiquer le monde des vivants avec celui des morts. Le récit de Victor est émaillé de réflexions légères (Alicia bâille sans sa main devant, tant mieux pour les moustiques et les mouches qui auront un endroit où dormir ce soir.) ou plus profondes (Je trouve ça étrange que papa et Pilar s'expriment tous deux dans des photographies ou des peintures dans lesquelles aucun humain n'apparaît.) et son jeune âge permet de temps à autre un humour involontaire de sa part prouvant qu'il est encore loin des préoccupations adolescentes : Alicia a déjà dormi dans le lit de Luigi. C'est elle qui me l'a dit. Il a ouvert ses draps et elle s'est serrée tout contre lui, un après-midi, tout habillée. Alicia dit : "C'est encore trop tôt." Je suis bien d'accord. Ce n'est pas une heure pour dormir. Quand aux lucioles, elles éclairent les nuits de la résidence et font partie de ces incartades poétiques qui renforcent la tendresse de l'auteur pour l'univers qu'il décrit et qu'il nous offre de partager. Comme les papillons qui aiment se poser sur Victor. Je ne sais pas pourquoi, mais j'attire les papillons. Et c'est un papillon jaune qui mènera Victor aux deux jumeaux. Voilà un roman étrange, émouvant, où sont abordés avec délicatesse des sujets graves comme la relation parents-enfants, l'amour dans un couple et notamment entre deux femmes, le souvenir des proches aujourd'hui disparus Gilles Paris a son style et son univers bien à lui et chacun de ses livres nous invite à le rejoindre dans cette contrée imprécise entre l'enfance et l'âge adulte, où ceux qui restent continuent à vivre avec ceux qui les ont quittés. Les trois précédents titres ont été repris en collections de poche et récompensés par de nombreux prix littéraires, L'été des lucioles ne décevra pas ses nombreux lecteurs. Serge Cabrol (05/02/14) |
Sommaire Lectures Héloïse d'Ormesson (Janvier 2014) 224 pages - 17 € J'ai lu (Mars 2016) 250 pages - 7,50 €
Visiter le site de l’auteur : www.gillesparis.net Découvrir sur notre site un autre livre de Gilles Paris : Au pays des kangourous |
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