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C’est la fille du propriétaire d’un bar, le Trophime, où Victoria dispose de sa table dont les banquettes sont très convoitées, où elle invite ou évince d’un simple geste. Un nouveau garçon arrive au lycée, Noël Rougier « grand comme un homme. Il est très blanc et ses cheveux sont noirs. Les filles les plus développées se demandent s’il ne serait pas plus vieux que nous. » Noël Rougier a une relation étrange avec Victoria, à la fois proche et distant, arrivant et repartant sans prévenir. Madame Rougier est antiquaire, c’est elle qui a trouvé le château où se sont installés les Bretagne. D’autres silhouettes apparaissent au fil des pages. Anne, la meilleure amie, complices parce qu’elles ne sont pas des filles de bourgeois contrairement aux autres (« on aurait bien aimé parfois »). Patrick, un garçon étonnant, secret, qui ne lui a jamais jeté un regard. « Patrick courbé sur sa mobylette, c'est le spectacle mobile le plus bouleversant que j'aie vu à l'époque. Il part de chez ses parents, une maison à cinquante mètres de chez moi. Il ne m'a jamais vue. Il ne voit personne, il est incroyable. [...] Patrick semble avoir une confiance absolue dans ses parents. Chaque trajet est un couloir qui le ramène à eux. » Un livre tout en évocations subtiles, en fragments de mémoire, qui fait renaître les émotions ressenties à l’adolescence face à cette jeune fille belle et défigurée, dominatrice parmi sa cour et si fragile face à ce garçon indépendant et mystérieux. On lit ce roman comme on feuillette un album de photos en écoutant une douce musique. On admire la précision des mots, le ciselé des phrases, la justesse du ton... Serge Cabrol (14/03/16) |
Sommaire Lectures Mercure de France (Février 2016) 88 pages - 10 €
Découvrir sur notre site le premier roman du même auteur : La petite Borde |
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