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Ahmed KALOUAZ


La maraude


Le chômage touche de nombreuses familles mais quand il pousse un homme à tout quitter sans prévenir cela se transforme en drame pour les enfants. C’est ce qui arrive à Théo qui, un jour, voit partir son père qui ne reviendra pas.

Il décide donc d’aller à sa recherche pour lui éviter de sombrer dans la déchéance de la rue. Il a appris qu’il était devenu SDF. Il part donc, sans prévenir sa mère, vivre dans la rue où il rencontrera de nombreuses personnes qui lui parleront de leur parcours,  de la façon dont ils sont arrivés là et qui vont le soutenir dans ses recherches : « Ce qui a foiré, c'est après, quand j'ai retrouvé la vallée, les bords du canal à Annecy, à faire la manche près de l'embarcadère ou devant l'église. Mais ça, vous le savez, depuis le temps que vous me croisez. Le gamin, il a du cran, et je crois qu'à ma place il aurait fait pareil, c'est une question d'honneur. Je suis tombé trop bas quand même, il me manquait le parachute. Je lui souhaite de retrouver son père, je lui ai parlé du refuge, on verra. On passe du temps à éparpiller notre vie, à empêcher que les petits bouts puissent se recoller un jour. Lui n'aura pas de regrets, au moins.»

Être une femme SDF est encore plus compliqué : « Tous les jours, tous les soirs, toutes les nuits, je suis dans la souffrance. J'étais partie pour me débarrasser de ça. La souffrance, j'en voulais plus, et j'ai gagné la honte, le miroir ne se trompe plus. Une femme dans la rue, c'est une proie, les hommes peuvent tendre la main pour une pièce, on nous demande d'offrir notre corps. Et s'installe en toi une douleur qu'aucun soleil n'efface. Pour ne pas attirer les regards des prédateurs, on essaye de se rendre invisibles. A la maraude, c'est comme ça que vous nous appelez. Faut tout effacer de la silhouette de femme, si tu veux pas devenir une proie. Pas de maquillage, pas de vêtements moulants. Que du large, du gris, de la tenue de camouflage. » 

Il découvrira aussi "La maraude" qui regroupe ces personnes qui viennent à la rencontre des SDF, leur apportent du réconfort, de la nourriture et des contacts humains.

Théo est apeuré de se retrouver dans un univers qu’il ne connait pas et qui l’angoisse. Comment pourra-t-il retrouver son père ? Il découvrira la rudesse de la rue mais aussi ses solidarités, ce qu’il nous fait partager tout au long du livre.  

C’est un très beau roman sur un problème actuel qui touche beaucoup de familles dans un monde où l’exclusion est de plus en plus violente. Nous ne pouvons que nous sentir concernés par ce problème de société face à toutes ces personnes que nous côtoyons chaque jour dans les rues, sur les trottoirs, dans le métro... Comment faire pour ne pas ignorer ce phénomène et s’interroger sur les dérives de notre société ? La littérature est là pour nous rappeler que derrière chaque SDF se cache un être humain à respecter et que les jeunes sont prêts à agir pour ne pas laisser un proche être happé par la misère.  

Brigitte Aubonnet 
(01/12/16)    



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Jeunesse


Le Rouergue

Collection doado
(Octobre 2016)
112 pages - 9,70 €




Ahmed Kalouaz,
né en 1952 en Algérie, a publié une quarantaine de livres (poésie, nouvelles, roman, théâtre, textes
pour la jeunesse).


Bio-bibliographie
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