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Olivier MAUREL Novembre 1963, la veille de l'assassinat de Kennedy, un ancien criminel de guerre nazi est abattu dans une rue de New-York par Simon Slick, agent de la DST. En février 2009 à Milly-la-Forêt, un chien découvre à moitié enfouis dans un monticule de neige le cadavre mutilé et gelé d'une jeune fille de quinze ans. L'autopsie révélera qu'elle a été agressée sauvagement, maladroitement poignardée, égorgée, puis achevée de deux balles dans la nuque. Sur la victime, déjà tatouée dans le genre satanique, le numéro 1 et un "soleil noir" (croix gammée à 12 branches avec le chiffre 18 au centre) semblent avoir été ajoutés par le tueur. Ce symbole était utilisé par l'Ahnenerbe, un groupe SS créé par Heinrich Himmler et chargé d'organiser des expérimentations sur les déportés en camp de concentration. Parallèlement, nous assistons aux sévices que le tueur fait subir
à sa nouvelle victime dans son repaire. L'horreur absolue d'un malade
(démon ?) allant jusqu'à trancher les veines de sa victime pour
boire tout son sang. L'enquête est confiée à Andréa Slick, 32 ans, commissaire
de la B.R.I (brigade de recherche et d'intervention) et de la DCPJ (direction
centrale de la police judiciaire), petit-fils de Simon. Chez les Slick, de père
en fils depuis des générations, on est policier, tueur à
gages ou agent secret. On a surtout le don étrange et angoissant de voir
les signes annonciateurs de la mort autour de soi. "Tous les hommes
de la famille Slick étaient flics de père en fils, depuis des
générations. Tous avaient aussi en commun de voir apparaître
des stigmates sur les personnes qui allaient décéder. A quelques
secondes de mourir, les yeux de ces personnes devenaient intégralement
blancs. Nul ne savait pourquoi les Slick avaient cette faculté. Il s'agissait
d'un secret dont personne ne parlait." Après un bref voyage à Chinatown, auprès de la famille
de la jeune victime, c'est sur les traces des néo-fascistes à
la recherche de la race pure et celles des Hells Angels, que Slick et son comparse
vont se lancer. Un réseau de renseignements secondaire efficace, les
conduira jusqu'aux catacombes de Paris où Hells Angels, fascistes et
jeunes aux tentations morbides et à la recherche de sensations fortes,
aiment à se retrouver pour d'étranges cérémonies
occultes. De quoi sombrer pour Slick s'il ne rencontrait sur sa route Anna, s'il n'en tombait éperdument amoureux et si elle ne lui esquissait pas comme un espoir d'avenir possible. Ce roman met en scène deux personnages principaux, aussi forts et déclassés l'un que l'autre et positionnés face à face, l'un dans le camp du bourreau et l'autre celui du justicier. C'est autour de ces deux protagonistes, également fascinés par la violence et la mort, que le thriller énergique, bien construit et efficace, s'organise. Mais jusqu'au bout, le secret sur l'identité du bourreau lui-même, qui pourrait bien avoir été précédemment victime ou ne faire qu'un avec le policier, demeure... C'est cette ambiguïté du personnage de Slik qui pourrait tout aussi
bien faire un coupable idéal, ce flottement permanent qu'entretient l'auteur
entre bien et mal, qui font pour moi toute la force et la singularité
de ce thriller. L'histoire s'articule en de courts chapitres menés à un train
d'enfer, avec des révélations qui foisonnent et peuvent surgir
de façon désordonnée, des contradictions apparentes qui
génèrent moult questions, des corrélations qui finissent
par apparaître, sans nécessairement fournir l'amorce d'une élucidation
de cette dramatique affaire. Le roman dépeint avec le même souci du détail l'articulation et le fonctionnement des différentes branches de la police, les rouages de la folie mégalomaniaque du tueur, l'univers des Hells Angels avec leur organisation, leurs rites et les lieux qui les abritent. Ici, tout converge vers l'obscurité et c'est en apnée dans les replis les plus noirs de l'âme humaine que le lecteur est entraîné. Un thriller glauque à souhait et d'une efficacité certaine. Dominique Baillon-Lalande (06/08/13) |
Sommaire Noir & polar Editions Jigal (Mai 2013) 264 pages - 18,50 €
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