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Jean-Paul NOZIÈRE


Roméo sans Juliette



Roméo, dix-huit ans, termine une peine de six mois dans un Centre Educatif Fermé, une échappatoire pour éviter aux mineurs de passer trop tôt par la case prison. La raison pour laquelle il a été condamné, on la connaîtra plus tard. Pour le moment, il est dans le bureau du directeur pour préparer sa sortie. Il a choisi de s’engager dans l’armée et de participer, si possible, à des opérations à l’étranger. Quand le téléphone sonne, le directeur lui passe la communication. C’est le docteur Constantini, de l’hôpital de Sponge, qui lui annonce que son père est en train de mourir. « J’en ai rien à foutre ! » répond Roméo. Mais il accepte tout de même de passer à l’hôpital.

Le médecin lui explique que son père est dans le coma mais qu’il a prononcé quelques mots et qu’il faudrait lui parler pour voir si le phénomène se reproduit. Ce serait un cas intéressant pour la médecine.
– Voici en quoi consiste ma demande. Je voudrais que tu lui parles, presque sans t'arrêter, pendant plusieurs heures de suite. Au moins deux ou trois heures.
– Mais parler pendant des heures est impossible.
– Tu raconteras la vie de Roméo Lopez, depuis tes premiers souvenirs jusqu'au jour de l'accident... de l'incendie de la maison de ton père. Dix-huit ans de vie suffiront à remplir le temps que tu passeras auprès de lui. Essaie de raconter comme si tu lisais un roman, une histoire écrite par quelqu'un d'autre.

Dans la chambre, il a la surprise de trouver Juliette, la voisine dont il est amoureux depuis l’enfance. Commence alors l’alternance des récits de Roméo et de Juliette qui se relaient pour retracer leurs parcours à l’oreille du mourant.

Roméo évoque la mort de sa mère, la violence de son père dont l’épicerie périclite et qui en veut à la terre entière devenant raciste et homophobe. Avec Juliette, nous assistons à la descente de Roméo dans l’enfer de la violence, les mauvaises fréquentations, surtout, qui vont l’entraîner toujours plus loin sur le chemin de la délinquance. Juliette a toujours aimé l’école, elle y réussit très bien et malgré la très forte affection qui les unit, les chemins de Roméo et de Juliette s’écartent de plus en plus.

L’émotion est sans cesse grandissante dans ce roman où on vit de l’intérieur ce que chacun ressent. La colère de Roméo qui, comme son père, en veut à tout le monde. Et la déception de Juliette que rien ne peut détourner de ses études et du but qu’elle s’est fixé.

Au fil des récits de nombreux secrets de famille vont se révéler et aucun des personnages n’est totalement bon ou mauvais. Les responsabilités, voire les culpabilités, n’épargnent personne.

Ce qui a mené Roméo au CEF ? Ce qui va se passer maintenant que les deux amoureux se sont retrouvés au chevet du vieil homme ? Suspense… Au fil des pages, des propos de l’un aux propos de l’autre, le lecteur est de plus en plus happé par le récit et les pages tournent de plus en plus vite.

Un ouvrage positif où la violence, le racisme et l’homophobie sont clairement dénoncés et qui éclairera les ados sur l’importance des choix qu’ils font à un moment où les valeurs sont parfois brouillées et que les adultes attisent les haines et les rancœurs pour de bien méprisables raisons.

Serge Cabrol 
(09/07/15)    



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Jeunesse







Thierry Magnier

(Mai 2015)
272 pages - 14,50 €






Jean-Paul Nozière,
né en 1943 dans le Jura, auteur de plusieurs dizaines de livres pour la jeunesse, écrit aussi
des romans noirs
pour les adultes.



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