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Sylvain PATTIEU

Et que celui qui a soif, vienne
Un roman de pirates



Sylvain Pattieu est un auteur généreux. Cela se sent à toutes les pages de Et que celui qui a soif, vienne. De pages en pages en effet, l’auteur est là, clairement visible ou à peine caché derrière son narrateur, et on le voit veiller affectueusement à ses personnages tout en donnant tant et plus aux lecteurs : émotions, aventures, tendresse, informations historiques... En de belles pages de fin, il s’adresse même à ses amis, leur donnant de longs et sincères remerciements. Ce n’est donc pas seulement un superbe roman que Sylvain Pattieu a écrit. C’est un roman qui affirme le don comme essence possible de la littérature.

Cerise sur le gateau : c’est un livre écrit. Entendons par là que l’auteur, dans sa générosité, ne nous a pas abreuvés de phrases anorexiques ou rudimentaires comme celles que l’on trouve de plus en plus dans les publications. Ici, tout voltige et flamboie. Tout est images culminantes. Tout est rythme et souffle. On peut presque entendre au creux des phrases un cœur qui bat, celui de l’auteur bien sûr, et il palpite, sereinement, tristement ou fougueusement, tout près de notre oreille, donnant au texte une cadence et une allure profondément singulières. Il faut dire que Sylvain Pattieu a mis deux ans à écrire ce livre. Deux ans. Sans aucun doute le temps nécessaire pour faire émerger une langue entièrement habitée. Certains, certaines devraient s’en souvenir…

Autre cerise sur le gateau : c’est un livre qui parle du combat. Les passionnés de piraterie y trouveront leur compte puisque, en apparence, nous sommes dans un récit d’aventures. Sur les mers et les navires, c’est là que nous sommes en effet et les batailles de toutes sortes ne manquent pas. Mais nous suivons surtout le sort d’hommes et de femmes qui, marins, soldats, esclaves, auront la possibilité de rester asservis ou de devenir libres. De navires en navires, ils feront leur guerre et leur choix. Ceux que Sylvain Pattieu nous fera suivre de plus près auront fait le choix de la liberté. Durement gagnée, cette liberté. Et perdue pourtant.  

Aucun goût amer ne reste toutefois en bouche. Le marin qui a lutté meurt dignement. Le soldat que l’on croyait homme alors qu’il était femme a pu se battre en affirmant son identité. La femme que l’on croyait seulement courtisane s’est révélée guerrière. L’esclave qui avait vendu son ventre au propriétaire blanc a pu sauver son enfant. Avant cela, durant quelques mois dorés, tous ces êtres libres avaient créé, sur une île, leur petite République, dont les règles de vie pourraient être reprises par notre propre République tant elles reposent sur l’égalité, la vraie, entre les individus et les sexes.

Ainsi, oui, derrière un récit de piraterie se cache un livre qui invite à se rappeler que des chaînes rodent toujours à nos pieds et qu’il nous appartient de les rejeter ou non. Pirates et révolutionnaires, même combat ? On répond oui après avoir lu Et que celui qui a soif, vienne. Des noms de révolutionnaires constellent d’ailleurs, ça et là, le récit.

On ne peut oublier cependant le premier personnage du roman : la mère de l’auteur. Sa maladie puis sa mort récentes ouvrent l’ouvrage. On ne sait trop comment, elle vient ensuite se mêler aux pirates, tavernes, batailles, cela de façon toujours juste, comme si c’était elle qui tenait la main de l’auteur. Sa main ou ce fameux cœur dont on parlait plus haut.

À lire absolument. Pour avoir envie de lever le glaive de la liberté.

Isabelle Rossignol 
(12/03/16)    



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Rouergue

(Janvier 2016)
480 pages - 21,80 €






Sylvain Pattieu,
 né en 1979, maître de conférences à l’université Paris-8, signe ici son huitième livre.






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