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Quel plaisir de retrouver l’écriture poétique, comme voilée par moments et cependant si précise et juste d’Isabelle Desesquelles. Un signe de reconnaissance depuis Les hommes meurent, les femmes vieillissent et l’année dernière, la lecture de Les âmes et les enfants d’abord, petit livre dense et touchant par sa note mélancolique de l’intime. Nous en avions gardé la musique originale dans l’oreille. Isabelle Desesquelles propose une histoire à ses lecteurs. D’amour, de hasard, ou de destin ? Et pour commencer, elle nous présente les protagonistes, tout en nous laissant percevoir juste ce qu’il faut d’éléments pour susciter notre curiosité et l’entretenir par la suite. Et ce, fort habilement. Donc, Rosalie Sauvage et Alexandre. Rosalie Sauvage est une jeune femme de « pas trente ans », venue habiter Toulouse « Sous prétexte de voir le ciel, après dix années à Paris », qui nous est montrée ainsi : « Elle préfère être à des années-lumière du temps qui passe, Rosalie Sauvage, source pour elle d’une mélancolie excessive à son âge. Pourquoi voit-elle systématiquement la flétrissure dans tout ce qu’elle observe ? Avide des premières fois, elle carbure aux commencements, hommes inclus » Le chapitre qui nous le présente est titré ainsi : « Trente ans et le curriculum vitae amoureux d’un nouveau-né. » Vont alterner alors, et en parallèle, des éléments sur le parcours de chacun, leur enfance, leur façon particulière d’appréhender la vie. Des caractères très différents, décrits avec quelques blancs qui resteront présents tout au long de notre lecture, nous amenant à réfléchir sur les personnages mais aussi sur le sentiment amoureux, sur l’amour, le vrai ou celui du cinéma. Car il est très présent dans cette histoire, et justement le Rosebud, ce cinéma de quartier qui a toujours fait partie de la vie d’Alexandre, constitutif même de l’éducation dispensée par son père, propriétaire de cette salle, où ils ont passé de longues heures à voir ensemble les films choisis. Son père est décédé et le cinéma qu’il lui a légué, a été vendu et va fermer. « C’est aussi ça la fermeture du Rosebud, perdre la chambre où il a toujours dormi ; l’affiche au-dessus de son lit, il la détachera avec plus de précautions que l’on en a pour une vierge, le papier punaisé avant sa naissance n’attend que de tomber en poussière, Gérard Philipe le beau jeune homme du Diable au corps, le suivra où qu’il aille ; même si ce soir il se fait l’effet d’un vieux jeune homme. » Concernant Rosalie, à propos de son enfance, de sa famille, de ses amours, présentes ou passées, nous apprenons certains éléments qui nous éclaireront sur son caractère pendant les quelques mois où l’histoire se déroulera. Parfois agrémentés de quelques approximations qui vont entretenir suspense et interrogations. Rosalie serait-elle à un tournant de sa vie? Viendront aussi des personnages qui partagent la vie de l’un, sont à côté de l’autre, Marc, le camarade de toujours d’Alexandre, sa femme, et qui pourraient intervenir, voire interférer sur le déroulement de l’aventure. Et il y a ces titres de chapitres que l’autrice nous indique, pour nous guider sur l’essentiel du moment, à lire ou à comprendre. Sans oublier de consulter à la fin du livre le programme du Rosebud d’Alexandre, un petit retour sur souvenirs de quelques chefs- d’œuvre ne faisant pas de mal… Anne-Marie Boisson (22/02/17) |
Sommaire Lectures Belfond (Janvier 2017) 224 pages - 18 €
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