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Régine DETAMBEL

Trois ex


August Strindberg, dramaturge, romancier, peintre et photographe suédois s’est marié trois fois. Ses relations avec les femmes et ses trois femmes sont très complexes. Il est fou amoureux de sa première femme mais ils vivront vite l’enfer. En effet, fou créateur pourrait le définir. Après leur séparation, il écrira des textes qui étaleront leur vie intime au grand jour. Ses deux femmes successives seront aussi très amoureuses mais réaliseront très vite l’impossibilité de vivre avec August Strindberg qui continuera à être destructeur : « La virilité de cet homme, sa folie, j’étais ensorcelée, je n’ai pas d’autres mots. »

Un texte violent qui relate au plus près la complexité de l’amour, de la création, de la cohabitation de deux ambitions car la première et la troisième femme de Strindberg sont comédiennes, la deuxième étant journaliste. Comment exister au cœur de la folie créatrice ?

Strindberg a été admiré de la classe ouvrière : « Quinze mille personnes au moins se sont rassemblées sur Drottninggatan pour célébrer Strindberg. Des grappes de curieux à toutes les fenêtres, sur tous les balcons du quartier. Un chœur d'ouvriers s'est formé, escorté de porteurs de torches, ils chantent la liberté. »
 Il aura  aussi été beaucoup critiqué par ses contemporains car très provocateur : « Le dramaturge s'en prenait à tout, aux mythes de la Nation, à l'Académie, à ce putain de prix Nobel, au gouvernement, aux classes dirigeantes, à ses confrères et bien sûr à ses consœurs honnies, qu'il conchiait uniformément. »
 Il n’aura pas reçu le prix Nobel mais le prix anti-Nobel : « Dans le petit salon de Drortninggatan, un certain Gyllenskàld décerne solennellement au dramaturge le prix anti-Nobel, "en signe de réparation pour l'injuste négligence où l'a tenu l'Académie suédoise, qui vient de couronner le Belge Maeterlinck". »

 « Le dramaturge l'avait écrit : Le mariage, c'est du cannibalisme. Si je ne te mange pas, c'est toi qui me manges. » C’est un thème très fort, remarquablement abordé par Régine Detambel dont l’écriture épurée et particulièrement juste et rigoureuse nous plonge au milieu de l’enfer dans un souffle orageux qui montre bien le génie d’un créateur.

Ce roman donne envie de découvrir ou redécouvrir August Strindberg, sa vie et son œuvre, grâce au choix original de Régine Detambel de nous livrer le point de vue des trois ex.

Brigitte Aubonnet 
(06/01/17)   



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Actes Sud

(Janvier 2017)
144 pages - 15,80 €




Pour visiter le site de Régine Detambel :
www.detambel.com




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