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Isabelle DUQUESNOY


L’embaumeur
ou l’odieuse confession de Victor Renard



Nous sommes à la fin du XVIIIe siècle et Victor Renard est face à ses juges pour un crime dont on ne connaîtra la nature qu’au dernier chapitre. Comme il n’est pas pressé d’affronter la guillotine, Victor raconte sa vie, le parcours étrange et chaotique qui l’a mené jusqu’à ce tribunal, et il parvient ainsi à gagner un peu de temps. « Ma vie vous dégoûte et vous captive. Oserez-vous me décapiter sans connaître la chute ? Tssss ! Je suis votre Shéhérazade, votre conte des Mille et Une Nuits. »

Il faut dire qu’il a de quoi raconter et que ses premières années sont de nature à émouvoir les braves gens. Né vers 1775, il a tout de suite été détesté par ses parents. Sa mère rêvait d’une autre existence et n’éprouve que de la haine pour son nouveau-né. En fait, ils étaient deux mais l’un des jumeaux s’est étranglé avec le cordon ombilical et l’autre, Victor, est né avec le cou tordu. Sa mère le tient pour responsable de la mort de son jumeau.
« – On ne peut rien espérer d’un chiard visqueux qui a étranglé son frère.
– J’étais nourrisson je suis innocent !
– Ferme-là ! Le coupable est celui à qui le crime profite. »

Evidemment, ça ne démarrait pas très bien. Il mène donc une enfance de petit chenapan, se liant à d’autres chapardeurs, tous les moyens étant bons pour récolter quelques sous. Une pratique qui apporte aussi bien des déboires…

Victor aurait pu devenir un voyou sans une rencontre essentielle qui change le cours de sa vie, un homme patient et bienveillant, Mariel Joulia, un embaumeur qui l’accepte comme apprenti et lui enseigne toutes les techniques de la préparation des corps pour leur voyage vers l’au-delà. Il lui enseigne aussi toutes les ficelles qui permettent de gagner de l’argent en revendant ce qui peut être récupéré sur les cadavres. Et notamment les cœurs. L’auteur nous livre le fruit de ses recherches approfondies sur les « mumies » et leur utilisation en peinture. Les cœurs momifiés réduits en poudre donnaient pour certains peintres, notamment Martin Drölling, un pigment dont la couleur, la consistance et le brillant n’avaient pas d’équivalent. Et plus l’organe était de sang noble ou royal, plus grande était la qualité…

Grâce à Mariel Joulia et sa lucrative fonction, la vie  matérielle de Victor ne cesse de s’améliorer. Il a trouvé sa véritable vocation…

Côté cœur, c’est plus compliqué parce qu’il aime Angélique qu’il ne peut épouser parce qu’elle est prostituée et qu’il doit épouser Judith qui ne rêve que de s’embourgeoiser et fréquenter  le beau monde. Victor est un grand sentimental et son respect de l’une comme de l’autre rend son quotidien plutôt compliqué.

Victor parvient ainsi à tenir son public en haleine pendant onze jours et le lecteur, par la même occasion, pendant cinq cents pages. Isabelle Duquesnoy nous permet de partager au plus près et avec force détails la vie quotidienne, amoureuse et professionnelle d’un jeune homme sous la Révolution française. Une belle réussite qui passionnera les lecteurs curieux à condition de ne pas trop être trop sensible au découpage des cadavres. Mais c’était pour la bonne cause, pour adoucir le chagrin des familles tout en faisant progresser la médecine et la police scientifique…

Serge Cabrol 
(28/09/17)    



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La Martinière

(Août 2017)
528 pages - 20,90 €







Isabelle Duquesnoy
diplômée d'histoire et
de Restauration du Patrimoine, a publié des romans et des biographies sous son nom et sous différents pseudonymes.



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