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La première étape de ce flash back est un saut en arrière d’un an. Ulysse a déjà abandonné le tennis depuis deux ans et prépare sérieusement son bac Ludo, son frère aîné (neuf mois de plus), est entré dans une académie sportive et doit participer à la finale d’un tournoi, un match essentiel qui doit lancer sa carrière professionnelle. « C’était d’autant plus inattendu qu’il se retrouve en finale que ça faisait plus de six mois qu’il enchaînait les blessures. Une tendinite à l’épaule gauche après un claquage au mollet. Tout le monde lui avait conseillé de se reposer. Mais rien que le mot le rendait fou. » L’hospitalisation de Ludovic est le temps de la réflexion. Pourquoi Ludo s’est-il ainsi effondré en plein match ? Pourquoi cette rupture d’anévrisme à son âge ? Quelle est la responsabilité du père si impliqué dans le parcours de son fils ? Et quelle est aussi la responsabilité de Kerkko Lainé, l’entraîneur finlandais de Ludo à l’Académie de tennis ? Et quelle était vraiment la vie de Ludo ? Que pensait-il ? À quoi rêvait-il ? Avait-il des amis ? Au fil des pages, de nombreux secrets vont se révéler... Ulysse passe au crible de la mémoire tous les comportements de son père depuis leur petite enfance, ce désir effréné de faire de ses fils des champions et de leur club un modèle. À la sortie de son coma, Ludovic a été transféré dans une clinique qui prend les malades en charge sur le long terme. « Son ergothérapeute, son kiné et même le psychomotricien disent tous la même chose. Ils sont confiants, Ludovic est un battant, il a même une endurance hors du commun. Ses progrès sont spectaculaires. [...] Je ne les crois pas. Je ne vois pas mon frère en train de se battre. Je ne vois qu'un garçon immobile dans une chaise roulante, mutique, le regard vide. Comme privé d'émotions. Et de tout ce qui faisait qu'il était Ludovic Alvès, futur champion de tennis. » Pour Ulysse, tout a changé avec l’été. La famille a éclaté. La mère est partie dans un petit deux-pièces, le père est resté dans la maison en attendant qu’elle soit vendue et Margault s’est envolée pour les États-Unis. « Elle avait décrété qu’on était trop jeunes pour s’installer dans une vie de couple. Elle avait besoin de se sentir libre de toute attache. Elle m’aimait. Mais elle voulait partir loin. Et découvrir le monde. » Comment Ulysse, qui a cessé le tennis depuis des années, qui a vécu le drame de son frère devenu l’ombre de lui-même, peut-il se retrouver, comme on l’a vu dans les premières pages du livre, sur un court de tennis pour un match décisif ? « Bon Dieu, mais qu’est-ce que je fous là ? » Le roman répond à cette question et à bien d’autres encore. Il passionnera tous les jeunes qui voient les champions à la télévision, qui les envient et se demandent comment ils ont pu arriver là. Mais pour quelques élus, combien de laissés pour compte ? Combien de jeunes vies prises en otage par des parents décidés à les mettre dans la lumière ? Ulysse réfléchit, s’interroge, se rebelle, veut comprendre et choisir son chemin. Ce sont toutes ses émotions et ses réflexions qui constituent ce très beau livre, fort, intelligent et salutaire. Encore une belle réussite d’Isabelle Pandazopoulos dont on avait déjà beaucoup aimé un précédent roman paru dans la même collection, On s’est juste embrassés, où la narratrice était Aïcha, une fille de quinze ans. Des livres bouleversants qui donnent la parole aux ados et facilitent l’adhésion des lecteurs s’identifiant très vite au narrateur ou à la narratrice. Un auteur à suivre... Serge Cabrol |
sommaire Jeunesse Gallimard jeunesse Collection Scripto (Novembre 2016) 208 pages – 9,90 €
Découvrir sur notre site d'autres romans du même auteur : Kostas et Djamila On s'est juste embrassés |
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