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Julie, la narratrice, se réveille en hurlant. Elle a fait un cauchemar. Dans son rêve, un petit garçon, seul, perdu, abandonné, erre dans une forêt au Japon. Ce double thème du rêve et de l’abandon est la trame du roman. Nous accompagnerons Julie et le petit garçon jusqu’aux dernières pages du livre. Julie a quinze ans et des pouvoirs assez particuliers. Elle peut naturellement, instinctivement, savoir où se cachent les objets perdus, connaître ses notes avant que les professeurs ne rendent les copies et même deviner certaines pensées. « J’accepte toutes ces choses sans problème. Ce sont des choses qui arrivent. Ou plutôt : ce sont des choses qui m’arrivent. En faire la liste serait terriblement long. » Mais cette nuit-là, c’est un nouveau phénomène qui se révèle. A chaque fois qu’elle se rendort, elle retrouve le petit garçon abandonné dans la forêt. La voiture s’est arrêtée. Le père a ouvert la portière et il a dit : ça suffit, on te laisse et on s’en va. Il a refermé la portière et la voiture est partie… Ce qui bouleverse encore plus Julie, ce n’est pas seulement de suivre ce petit garçon perdu mais d’avoir le sentiment « d’être » ce petit garçon, de ressentir ce qu’il ressent. « J’avance avec prudence, une main tendue en avant pour éviter qu’une branche ou une ronce ne me griffent le visage. J’ai faim, j’ai terriblement faim. Je n’ai pas mangé depuis des heures. J’ai soif aussi. » Quand Julie se réveille, elle a de la fièvre, elle a faim mais vomit tout ce qu’elle mange, et replonge rapidement dans un sommeil troublé où elle retrouve le petit garçon perdu. Au bout d’un moment, elle comprend qu’elle peut agir sur l’esprit de l’enfant, l’accompagner, le diriger, le soutenir sans qu’il en ait vraiment conscience. Et l’auteur invente alors un "nous". « Le garçon accepte de plus en plus facilement ma présence invisible. […] Avec lui, je tresse un nous. Nous sommes deux dans un seul corps. » Et ce nous devient une seule entité, un nous singulier. « Nous sommes trop épuisé pour aller jusqu’au bout du bâtiment » Au fur et à mesure que l’enfant affamé va s’affaiblir, l’état de santé de Julie va aussi empirer. Comme si toute l’énergie qu’elle mettait à soutenir le petit garçon, l’épuisait elle-même… Le père de Julie est un homme profondément humaniste. Quand des migrants se sont installés dans un local abandonné, il a tout de suite cherché à améliorer leur sort. « Dès l'installation des premiers réfugiés, papa s’est rendu sur place, il a discuté avec ceux qui comprenaient un peu le français, il a contacté Médecins du monde et des réseaux de bénévoles pour leur apporter des soins, les aider dans leurs démarches administratives, et surtout pour prendre en charge au mieux certains très jeunes migrants probablement mineurs. » Quand le maire a décidé de faire évacuer ce squat, le père a accueilli trois jeunes Érythréens à la maison et l’un des trois semble avoir un pouvoir assez proche de celui de Julie… Serge Cabrol |
sommaire Jeunesse L'École des loisirs (Août 2017) Collection Médium+ 134 pages - 13 €
Bio-bibliographie sur Wikipédia Découvrir sur notre site d'autres livres du même auteur : L'écorce et la chair Un matin de grand silence Incident de personne Muette Le démon avance toujours en ligne droite La nuit du second tour |
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