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Carole FIVES


Tenir jusqu’à l’aube


Carole Fives et Carole Fives seulement pouvait écrire Tenir jusqu’à l’aube. Il fallait en effet un style faussement léger pour mettre en mots, en histoire, le drame ordinaire des femmes. Pas de pathos, pas de morale, des faits bruts, comme tirés de la vie courante.

On les appelle les mères célibataires ou les femmes seules celles dont Carole Fives aborde la vie courante. Entre elles, elles se sont rebaptisées : elles s’appellent les femmes solo. Solo, c’est plus drôle. Toujours aussi lourd à porter mais plus drôle. Elles font comme elles peuvent puisqu’il faut tenir.

Celle qui tient dans ce roman est une graphiste qui a eu son heure de gloire, s’est mise en couple, a fait un enfant puis a vu son heure de gloire passer et l’homme disparaître. Un soir, il est parti et n’est jamais revenu. En l’attendant, en tentant de croire qu’il faut l’attendre, il faut bien élever l’enfant. Il faut nourrir l’enfant, promener l’enfant, soigner l’enfant, bercer l’enfant, rassurer l’enfant, occuper l’enfant tout en cherchant de quoi payer le loyer et les courses. Il faut bien survivre.

C’est cette survie qu’écrit Carole Fives.

Chaque chapitre est court, comme s’il mettait un coup de projecteur sur un aspect de la survie. L’ensemble forme une mosaïque des plus réaliste et alarmante. Car la graphiste n’est pas seule à survivre. Des mères comme elle, des femmes comme elle, elle en croise des tonnes sur la toile ou au parc. Qu’est-ce qu’être mère ? La question revient souvent. Et les réponses sont diverses. Rien que pour cela, pour ces réponses, il faut lire Tenir jusqu’à l’aube.

En contrepoint des chapitres réalistes surgit par moments une fable, sans doute la plus connue d’Alphonse Daudet, mais que nous ne révèlerons pas ici afin de ne rien déflorer du parallèle que l’auteure fait entre son héroïne et cette fable. Disons seulement que Tenir jusqu’à l’aube donne envie d’aller relire cette fable-là avec un œil nouveau – un peu comme si Alphonse Daudet l’avait écrite uniquement pour les femmes.

Un livre féminin, c’est certain. Mais un livre qui interroge chacun, homme ou femme, sur la maternité.

Isabelle Rossignol 
(15/10/18)    



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L'Arbalète / Gallimard

(Août 2018)
192 pages - 17 €




Carole Fives

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Wikipédia



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