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Éric SANVOISIN


À la belle étoile


Voilà un court roman profondément humain. Gaëlle, jeune écolière, a un frère plus âgé qui n’a jamais pu être scolarisé. « Je suis trop lent même quand je me dépêche. Je comprends rien même quand je réfléchis. Je suis tellement particulier que les autres me regardent avec des gros yeux, et j'aime pas ça. »
Il allait dans un hôpital de jour jusqu’à ses dix-huit ans mais maintenant ses parents sont restés sans solution et Pierrot passe ses journées à la maison.

Le jour où commence cette histoire, Gaëlle demande à son frère de venir avec elle jusqu’à l’école parce que ses copines, à qui elle en a parlé, voudraient le voir. Il accepte, tout heureux d’accompagner sa sœur, mais la rencontre se termine mal. Les filles se moquent de lui et Pierrot part en courant, droit devant lui.
Désolée, Gaëlle essaie de le rattraper mais il court bien trop vite et, désespérée, elle s’assoit sur un banc dans un parc où un chien errant vient l’attaquer.
Pierrot a couru un moment avant de s’arrêter devant un carton qui sert d’abri à Justine, une femme SDF. Pour lui, c’est une fée dans un château de carton. Comprenant qu’il est perdu dans la ville, Justine le reconduit jusqu’à l’école. Dans le parc tout proche, il entend crier Gaëlle et se précipite pour chasser le chien.

Travail intéressant de construction qui pourrait être très utile aux amateurs d’ateliers d’écriture, cette scène est répétée trois fois, écrite à la première personne et complétée selon le point de vue de chacun des personnages. Après le récit de Gaëlle, nous lisons la même scène vécue par Pierrot. Les moqueries qu’il ne supporte pas, sa fuite dans les rues, son étonnement devant le château de la fée… Puis le regard de Justine, surprise d’être appelée Madame et prise pour une fée, affolée par tout ce que cette improbable rencontre fait remonter en elle de souvenirs oubliés.

Pierrot étant incapable de garder un secret, Gaëlle sait que les parents vont être au courant de cette aventure qu’elle n’aurait jamais dû initier.  Elle craint de se faire disputer mais les choses se passent mieux que prévu.

Le père de Gaëlle et Pierrot aimerait aider cette femme à sortir de sa condition de SDF mais le poids des drames passés et les habitudes prises dans la rue rendent la réinsertion dans la société très difficile.

Un roman passionnant et émouvant abordant plusieurs thèmes bien imbriqués. Le ressenti d’une fillette qui aime son frère « différent » mais doit subir la curiosité et la malice des copines. Le regard de ce frère qui a dix-huit ans sur le papier mais « trois ans dans sa tête ». Et les pensées de Justine qui a tout perdu à la suite d’un drame qu’elle préférait oublier et qui remonte douloureusement à sa conscience. Beaucoup d’émotions en quelques chapitres, les jeunes lecteurs vont dévorer ce livre qui les fera réfléchir sur leur propre regard envers les gens « différents » quelle que soit la différence. Le respect plutôt que la moquerie ou l’indifférence et le monde change de visage.

Serge Cabrol 
(27/06/18)    



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Jeunesse







Le Muscadier

(Juin 2018)
80 pages - 9,50 €




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