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Grâce à l’écriture incisive, ironique et très juste d’Isabelle Minière, nous pénétrons dans l’univers ravageur d’un pervers narcissique avec Achille, acteur très célèbre et célébré. Le premier chapitre donne son point de vue au moment d’une soirée organisée pour la promotion de son nouveau film. Il est photographié de toutes parts mais il aimerait qu’Ella, sa femme, l’aime et le regarde. Elle a arrêté sa carrière de chanteuse au moment de sa rencontre avec Achille et de la naissance de leurs jumeaux. Achille est admiré pour sa générosité. Il a créé une association pour aider les anorexiques et, dans son film, son personnage combat les violences faites aux femmes. Il se crée ainsi une bonne conscience car pour lui l’image qu’il envoie aux autres est essentielle. Le chapitre deux est le point de vue d’Ella qui ne se sent pas du tout à l’aise dans l’intérieur trop beau, trop précieux de leur trop belle maison aménagée par Achille. De plus, elle est en souffrance car elle considère qu’Achille la « bat avec des mots ». Les points de vue continuent à alterner d’un chapitre à l’autre en donnant la parole à Léa et Alex, les jumeaux, et Félix, un psychologue. Les jumeaux ne supportent plus leur père non plus. Léa s’est sentie manipulée : « Mon père a sauté sur l'occasion pour me déclarer anorexique... et il a créé son association dans la foulée. Sans le vouloir, je lui ai donné l'idée. Et me voilà étiquetée à vie "ancienne anorexique". À cause de lui. Jamais il ne s'est soucié de l'impact que ça aurait sur moi. Bref, mon père m'a dégoûtée de lui. Et il est devenu le Schtroumpf. Alex lui a trouvé le surnom, depuis nous n'avons plus de père, mais un Schtroumpf qui nous pourrit la vie ; surtout celle de sa femme. » C’est une intéressante manière d’aborder le fonctionnement d’un pervers narcissique dans sa vie familiale au quotidien. « – C'est ma femme, elle est à moi. Elle se défend et je la préviens : si elle ne me laisse pas faire, je me suicide, et elle aura ma mort sur la conscience. Elle proteste, elle pleure, personne ne peut l'entendre, la chambre est isolée, sauf à hurler au secours, ses jérémiades ne servent à rien ! Et si elle crie, si elle appelle, je la brise ! Elle est à moi ! Elle pleure, non, non Achille, s'il te plaît, je la connais ta chanson ma belle, chanteuse à la noix va ! Pas un gramme de talent, si je ne t'avais pas trouvée dans ton ruisseau, tu serais à la rue ! » Une analyse très précise de cette pathologie est présentée à la fin de ce roman percutant et passionnant. Brigitte Aubonnet (20/11/19) |
Sommaire Lectures The Menthol House (Novembre 2019) 234 pages - 19 €
Vous pouvez lire sur notre site un entretien avec Isabelle Minière découvrir d'autres romans : Ce que le temps a fait de nous Mon amoureux et moi Je suis sensible On n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise Au pied de la lettre Je suis né laid et pour la jeunesse : Chouette divorce ! J’aime pas les bébés |
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