Vieillir n’est une partie de plaisir pour personne. Mais qui peut y échapper ? Cependant, ne vaut-il pas mieux vivre vieux que mourir jeune ? Et tant qu’à vieillir autant en rire, le prendre avec le plus de distance possible et une bonne dose d’humour, voilà ce que nous propose Paul Fournel qui sait rire de lui et de ses rides. Comme à son habitude, ses poèmes sont chargés de sens et les mots s’allient à merveille pour livrer leur message.

Il est sûr que l’on se sent vieux quand on a connu un temps que les plus jeunes n’ont pas connu avec des objets, des personnes, des personnalités du passé.

« Mes trains
J’ai connu les records électriques
De BB 9004
BB car elle avait deux fois deux roues
Record car elle franchit un jour 331
Kilomètres par heure
C’était en 1955 »
Le dessin de Nono joue à la fois sur le dessin et le double sens des mots pour nous faire rire aussi en parlant de BB.

Le Minitel, le téléphone Be-Bop, la voiture, les chaussures, l’outillage en passant de l’encrier au porte-plume et au stylo puis de la machine à écrire à l’ordinateur, la musique, la photographie avec un appareil photo pour arriver au selfie avec un téléphone… c’est un voyage bien agréable dans le temps qui passe.

Paul Fournel, passionné de vélo, se retrouve un jour devant les Vélib’ :
« Un matin d’un seul coup
J’ai eu 20 000 vélos
Rien qu’à moi dans la ville
Ils m’attendaient partout »

Les mots évoluent aussi au fil du temps :
« De la « surboum sensas » au
« Quelque part » obligatoire
Du verlan à la troncate
J’en ai entendu naître
Et mourir
De ces mots perroquets
Qu’on adore un instant
Et qu’on efface
Sans y penser
Sans les plaindre
Sans les pleurer »

La lecture et l’écriture ne sont jamais bien loin. Georges Perec est aussi présent et l’Oulipo, dont Paul Fournel est membre, ne l’oublie jamais.

C’est un ouvrage rafraîchissant et nostalgique aux illustrations subtiles et drôles qui caricaturent l’auteur dans différentes situations.  

Brigitte Aubonnet 
(05/11/20)