Amina se réveille en sursaut.
Il y a beaucoup de bruit dehors,
des sifflements, des coups de tonnerre, des cris.
C’est la guerre. La fillette a très peur et serre son doudou contre elle, un ourson bleu nommé Kissou. Elle l’emmène partout depuis toujours.
Sa maman vient la chercher précipitamment. Elle aussi a peur.
Elles doivent partir vite. Amina doit prendre dans sa chambre les objets auxquels elle tient le plus et suivre sa maman. Elle ne dispose que de quelques minutes pour faire ce difficile choix.
Et elles fuient, toutes les deux, terrifiées, seules.
Leur voyage va être interminable, épuisant et dangereux. Elles vont prendre un autobus bondé, laissant derrière elles leur ville dévastée par la guerre, attendre très longuement dans un campement provisoire un bateau dans lequel trop de gens montent. Heureusement, la fillette a Kissou sur son cœur pour la rassurer.
Un mauvais vent fait chavirer le bateau, Amina et sa maman se retrouvent à l’eau. Elles sont secourues et sauvées, mais Amina a lâché son doudou dans la mer.
Il est perdu, elle est perdue. Et, pour la première fois, la courageuse fillette fond en larmes.
Kissou, de son côté, s’échoue sur la plage, non loin de là. Un inconnu le ramasse, le nettoie comme il peut. Comment retrouver l’enfant auquel il appartient ?
L’homme se rend dans le camp de réfugiés abritant des milliers de personnes toutes plus désemparées les unes que les autres. Il croise un petit garçon au visage fermé, seul, sans famille.
Il lui offre Kissou. Le petit garçon sourit et Kissou retrouve sa raison d’être doudou.
Le texte est poignant. Il met en lumière le désespoir d’adultes et d’enfants exilés par la guerre, sans édulcorer mais avec beaucoup de sensibilité et de justesse.
Il nous parle aussi de ce lien si fort entre les petits et leur doudou, un lien qui permet ici à Amina de surmonter d’affreuses épreuves avec un courage étonnant, presque déconcertant.
Les illustrations, tout en transparence, sont délicates et poétiques.
L’album, bien que traitant d’un sujet grave, se termine sur le sourire d’un petit garçon rassuré par un doudou. Il offre une note optimiste et rend leur dignité à des enfants mis à mal par des événements qu’ils ne devraient pas connaître.
Voici un album qui réussit un tour de force, celui d’évoquer des sujets dramatiques tout en étant adapté à de jeunes enfants.
Cécile De Ram
(30/06/22)