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La mort d’un parent ouvre parfois des portes vers le passé. Les papiers personnels à trier, l’accès à une pièce gardée fermée, une maison à vider, la révélation d’un testament, sont autant d’occasions de découvrir les traces non détruites de secrets conservés dans le silence. C’est ce qui arrive à Agnès en 1996. « Ce matin, le ciel dégagé, bleu à perte de vue et de souffle, lui offrait le sentiment d'une infinie vacuité. Mais comme la nature déteste le vide, du moins c'est ce qui se dit, l'idée lui venait déjà d'aller accomplir une sorte de pèlerinage à Céret. Histoire d'inventorier la succession de Mathilde, d'activer la vente de la vieille mercerie délaissée depuis sa mort, trois ans auparavant, et par la même occasion, d'y récupérer sa maison de poupées. » En chapitres alternés, nous suivons Mathilde, jeune fille en 1942, et Agnès, enseignante d’une cinquantaine d’années, en 1996. Pendant les guerres, il arrive que des jeunes filles tombent amoureuses de soldats venus de loin, parfois de l’autre camp. Les lettres de Mathilde conservées toutes ces décennies dans la maison de poupée vont permettre à Agnès de comprendre le passé de sa mère, de découvrir l’histoire d’amour avec Leni, de savoir ce qu’est devenue la petite Heide… En marge des découvertes d’Agnès, en juin 96, un squelette est découvert par des randonneurs à l’écart d’un sentier de montagne, les restes d’un homme d’une quarantaine d’années tué par balles (une dans le thorax, une dans la tête) depuis bien longtemps. L’enquête de la gendarmerie ne révèle que peu à peu ses résultats. Il faudra du temps au lecteur pour comprendre comment cet assassinat (on se suicide rarement de deux balles) trouve sa place dans l’histoire de Mathilde et Agnès. La construction du roman est habile, ménageant du suspense pour entretenir la curiosité, éveillant de l’empathie pour ce jeune couple pris dans son impossible amour, partageant peu à peu les surprises d’Agnès au fil de ses découvertes et tout cela dans un décor magnifique mis en page avec talent au fil d’une écriture riche en émotions et sensations. Une belle immersion dans un endroit secret pour une histoire profondément humaine où la brume s’estompe lentement pour dévoiler l’ensemble du paysage. Serge Cabrol (08/08/22) |
Sommaire Lectures Complicités (Mars 2022) 198 pages - 18 €
Bio-bibliographie sur le site qu’elle partage avec Jean-Pierre Otte : Plaisir d'exister Découvrir sur notre site d'autres romans de Myette Ronday : Les morts sont devenus encombrants Arnal et la gauchère |
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