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En compagnie de la narratrice, ils assistent à des concerts que seuls les musiciens peuvent entendre car les instruments minuscules qui pendent à leurs oreilles ne sont actionnés que par le vent. Dans l’ancienne école, la narratrice prend soin de petites boîtes bien rangées dans l’auditorium et joue de l’harmonium qui a perdu plusieurs touches. Les boîtes vitrines proviennent de l’ancien musée d’histoire. Pourquoi est-il fermé ? « Les gens ont peu à peu perdu le désir de conserver le passé et ont cessé de s’intéresser au musée. […] Peut-être n’a-t-on pas trouvé d’autres méthodes pour laisser à nouveau le passé au passé. » La maternité de la ville qui jadis était pleine de bébés, est détruite à l’explosif. Les habitants de la ville qui ont assisté à sa destruction s’étonnent du peu d’espace qu’occupait la maternité. « Comment les bébés avaient-ils pu venir au monde dans une cavité aussi petite ? » Tout cela nous paraît étrange mais c’est écrit sur le ton de l’évidence et le lecteur n’a aucune explication. Il ne peut que prendre plaisir à la musique des mots, à la délicatesse des personnages et de leurs rares propos. Les boîtes sont les lieux de souvenir de ces enfants, ou plutôt le lieu pour « conserver leur futur ». Les parents rendent visite aux boîtes, y apportent des cadeaux pour leur anniversaire, des jouets ou des poupées pour leur tenir compagnie, des livres. Curieusement il ne se dégage ni tristesse ni nostalgie de ce roman. Il s’agit plutôt de savourer la beauté fugitive de l’instant présent : le chant d’un oiseau, le reflet de la lumière dans la rosée du matin, le parfum d’une bougie, la chaleur d’une voix. Et, par-dessus tout, la délicatesse des objets, la délicatesse dans le choix des mots et des attitudes. Personne n’est jugé, personne ne parle fort. Nadine Dutier (23/02/22) |
Sommaire Lectures Actes Sud (Février 2022) 208 pages - 21 € Babel (Février 2024) 208 pages - 7,90 € Traduit du japonais par Sophie Refle
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