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Au début du roman, à Paris Porte de Pantin le 13 juin 2019, le « bus de femmes » accompagné de la journaliste du Monde Serena Monnier soustrait à ses souteneurs une jeune prostituée nigériane. « Je m'appelle Jasmine Dooyum, dit-elle d'une voix franche. Je vais bientôt fêter mes quinze ans et je veux vivre. » Le roman se terminera le 13 avril 2020 à Lagos. Entre, il y aura le Nigéria et la First, une bière produite par la société hollandaise MB Nigéria avec le sorgho local, le sexe et le fric, celui de la prostitution, celui des affaires, des meurtres et de la corruption. Au commencement, la police nigériane annonçait fièrement avoir tué en début d'année une centaine de bandits dans l'état de Zamfara à la frontière du Niger, suite à la recrudescence du nombre d'enlèvements et de vols de bétail. […] Le 10 janvier au nord de Kaduna, des éleveurs peuls avaient massacré dix chrétiens de Kafancha et blessé onze autres. […] Toute l'histoire du Nigéria, résumée en quelques phrases, pensa Goje avec amertume. Un enfant magnifique et insatiable né du viol colonial et de l’union forcée entre des peuples incapables de s'entendre. Depuis, l'enfant avait grandi jusqu'à devenir un monstre incontrôlable, répandant rancœur et haine dans le cœur des hommes. » Au début de l'intrigue, à Kaduna, au nord de Lagos, Oni Goje, bon musulman qui ne boit pas d'alcool, membre de la Fédéral Road Safety, découvre deux cadavres de jeunes filles sur un parking. Le meurtre n'est pas de la compétence d'un policier de la route, aussi les deux corps sont confiés à la Special Anti-Robbery Squad, la SARS, la Crime du Nigéria, qui les enterrera à la fosse commune sans chercher à les identifier. Il faut dire qu'il y a une bonne raison à cela, c'est que le sergent-major de la SARS, Ira Gowon, est très très corrompu... Mais voilà, Goje en voyant les cadavres pense « ce pourrait être mes filles » et va enquêter clandestinement. De son côté, Serena Monnier, avec l'O.N.G. nigériane Free Queens qui s'occupe des violences faites aux femmes et en tout premier lieu de sortir les femmes de la prostitution dans un pays où l'on n’hésite pas à vendre sa fille ou sa sœur à un souteneur pour survivre au quotidien, enquête sur les réseaux de prostitution aidée par un réseau d'associations et de blogueuses. Elle ira dans le nord dangereux du pays, là où un journaliste a déjà été tué, où la présence d'un garde du corps est nécessaire. Pour elle, ce sera un mercenaire sud-africain qui ne sera pas inactif. Marin Ledun emploie la même rigueur pour dénoncer l'industrie de la bière au Nigéria, son organisation mafieuse, un néo, peut-être néo-néo-colonialisme des grands groupes industriels que dans Leur âme au diable pour dénoncer l'industrie du tabac. Peter Dirksen, responsable de la First à Kaduna, livre le fond de sa pensée. Free Queens est un roman sombre et brutal où l'on suit deux enquêteurs qui démontent l'organisation violente de la vente de First. C'est un roman où les personnages ne sont pas manichéens, même le méchant très méchant, un roman de la vie au Nigéria, de sa violence, de la misère quotidienne où l'on survit comme on peut tandis que certains politiques et industriels s’engraissent. Michel Lansade (17/07/23) |
Sommaire Noir & polar Gallimard Série Noire (Mars 2023) 608 pages - 20 € Version numérique 14,99 € (4,99 € jusqu'au 31 juillet)
Bio-bibliographie sur wikipédia Pour visiter le blog de l'auteur : www.pourpres.net /marin Découvrir sur notre site d'autres romans de Marin Ledun : Salut à toi ô mon frère Leur âme au diable |
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