On dit que la musique adoucit les mœurs. Pour les auditeurs peut-être. Mais pour les musiciens, il semble qu’elle soit moins clémente.
Ils font corps avec leur instrument et, au même titre que les sportifs de haut niveau, développent des pathologies liées à la pratique intensive de leur instrument.
Outre les complications physiques telles les tendinites et autres contractures, le musicien fait partie d’une triangulation intégrant son instrument bien entendu, mais également des auditeurs, fussent-ils des plantes. Et, si pour une raison ou une autre, l’alchimie entres les trois éléments ne se fait pas, c’est le musicien qui en paie les frais.
Sacerdoce ? La musique, exigeante, semble un monde à part et sans pitié. Son univers si particulier emplit la vie du musicien. Sa solitude aussi…
Dans ce recueil de nouvelles le narrateur, psychanalyste, évoque ce que les instrumentistes lui ont confié sur le divan.
Roger remua les deux palmes qui prolongeaient ses jambes. Jamais on ne l’avait considéré avec tant d’attention et il garda le silence pour en perpétuer le plaisir. Il avait chaud sous sa combinaison synthétique et il aurait fallu baisser les radiateurs. Le DRH rompit ce moment nébuleux.
– Mon cher Roger, il va falloir choisir entre jouer du tuba ou fumer de l’herbe, vous en avez bien conscience ?
Dans leur rapport au monde de la musique, à leur instrument, au public, à la société, les musiciens ont matière à se tourmenter.
De toute évidence, les dessous de la musique ne sont pas aussi dorés et délicats que ce qu’ils laissent paraitre.
Comme à son habitude, Hervé Mestron offre au lecteur des personnages hauts en couleur et en saveur avec sensibilité, poésie et humour noir.
Neuf nouvelles dédiées chacune à un instrument différent et à une personnalité singulière.
Vous n’écouterez plus jamais un concert de la même manière !
Cécile De Ram
(09/03/20)