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Dans cette progression vers la mort sous la houlette du temps, règne la logique de l’usure des corps, comparable à celle des objets mais en plus délétère puisqu’une chose ancienne, en art ou pour certaines denrées comme le vin par exemple, prend a contrario importance et valeur marchande au fil des années. Résultat : pendant que des choses se « bonifient » ou atteignent des prix exorbitants, le vivant s’étiole progressivement jusqu’à sa fin programmée. Avec ordre, clarté et humour, notre écrivaine octogénaire, après avoir fait le tour de ce qui attend tout un chacun au grand âge, écrit, en de courts chapitres, non pas des recettes pour ne pas vieillir, ça se saurait si elles existaient, mais des anecdotes, des récits, des passions, tout ce qui nous maintient vivants, même à un âge plus qu’avancé, comme le goût des autres, l’intérêt pour ce qui arrive, la lecture, échanger, (sans passéisme, quel bonheur de voir ses amis et/ou ses petits-enfants sur son smartphone en vidéo), s’émerveiller encore des petits bonheurs du quotidien comme admirer une fleur, caresser un chat. La nostalgie n’est pas le passéisme, et ce livre me fait penser à l’armoire de ma Grand-mère où le linge de maison, repassé dans la joie, en écoutant des chansons, plié dans les règles de l’art, rangé par piles égales, sentait bon le jardin, mais plus que ça, le bonheur, l’amour ; où les serviettes brodées aux initiales d’arrière-grands-parents que l’on n’a même pas connus nous rappellent ces repas de famille que l’on trouvait, enfant, interminables, mais qui nous permettent aujourd’hui, le souvenir de tant d’êtres chers que l’on rencontrait justement à cette occasion. Les étagères sont festonnées de dentelles jaunies comme les vieilles photos, les draps sont usés mais ils se souviennent encore… Nous retiendrons aussi de ce roboratif petit bréviaire, le fait de rester digne, dans la mesure où on le peut, bien sûr, maintenir une discipline de vie, ne pas se laisser aller et se répéter comme un mantra les paroles de Simone de Beauvoir : « Pour que la vieillesse ne soit pas une parodie de notre existence antérieure, il n’y a qu’une solution, c’est de continuer à poursuivre des fins qui donnent un sens à notre vie. » Sylvie Lansade (17/05/23) |
Sommaire Lectures 5 sens 120 pages - 13 €
Bibliographie sur le blog de l'autrice Découvrir sur notre site d'autres livres du Dominique Godfard : Le bonheur passait, il a fui ! Variations sur le regard Le conflit de l’an 2040 |
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