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J'ai vingt-deux ans. Après nous avoir parlé du présent et de son métier
d'enseignant dans son précédent roman, G229, Jean-Philippe Blondel
évoque ici un moment clé de son existence, l'été
1986. Que faire ? Tout est possible, plus de comptes à rendre à personne. A San Francisco, ils louent une voiture, une Ford Thunderbird qui leur paraît immense, et mettent le cap sur le sud. Los Angeles, Las Vegas peut-être Les miles défilent dans des décors de western. Le désert de la Mort, le Grand Canyon, l'Arizona, les yuccas, les séquoias Le narrateur rencontre des personnages souvent attachants. Diana Blackley, l'employée de l'agence de location de voitures, qui envie peut-être sa liberté ; Arnaud, le serveur d'un bar-restaurant qui lui propose de s'associer ; Ali qui peut l'employer dans sa Cantina à Cabo San Lucas, au Mexique Et puis Rose, la propriétaire du Red Rose Motel, qui joue des valses de Chopin au piano pour meubler sa solitude Le roman n'a rien de triste ou d'ennuyeux. Jean-Philippe Blondel y distille en permanence humour et émotion. Il évoque sa mère avec une immense tendresse. Elle était directrice d'école, ils habitaient dans le logement de fonction. Elle ne pensait pas finir sa vie avec son mari, elle rêvait d'un ailleurs. L'auteur revoit les balades avec elle en Solex quand il était enfant. Instants de bonheur. Il pense aussi à son frère, vingt-trois ans au moment de l'accident, qui semblait avoir un si bel avenir parce que tout lui réussissait. Mon frère était sûr de lui et de son pouvoir de séduction. Il pensait que rien ni personne ne pouvait lui résister s'il y mettait le paquet. Il grimpait les échelons. Il aimait le pouvoir sur les autres, faire changer les avis, bouleverser les opinions. Affirmer son autorité. Je n'étais pas comme lui. Ma mère souriait. Elle pensait : la vie le patinera Mais la vie ne lui en a pas laissé le temps Le rapport avec son père est plus violent. Son attitude de macho au volant terrorisait la famille, le dépassement dangereux était une preuve de sa virilité. Et une fois sorti du coma, le père avait des désirs de meurtre. Il entrait dans la chambre de son fils avec un couteau ou faisait semblant de s'endormir au volant. Pas de regrets : Je n'ai plus à m'occuper de lui, tu comprends, je n'ai plus à me soucier de savoir s'il va tenter de me buter ou pas, je n'ai plus à avoir peur L'auteur alterne les événements de cet étrange voyage à trois et les souvenirs d'enfance : des vacances dans les Landes, une blessure avec une serpe Mélange d'anecdotes et de moments-clés, avec toujours l'humour, l'émotion, la tendresse De livre en livre, Jean-Philippe Blondel confirme sa place originale dans le paysage littéraire. Un roman pour la jeunesse paraît aussi ce mois-ci, Brise glace, et nous lui consacrons un article, une belle occasion de présenter les diverses facettes d'un auteur à ne pas manquer. Serge Cabrol |
Sommaire Lectures Editions Buchet-Chastel 256 pages - 14,50 €
Découvrir sur notre site d'autres livres du même auteur : G229 Blog Brise glace |
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