Pour la quatrième fois (après La cage aux lionnes, La dernière danse des Maoris et Alice au Maroc), nous retrouvons Alice, une adolescente qui n’a pas froid aux yeux. Sa mère parcourt toujours le monde pour ses travaux d’éthologue et de géographe. Cette fois-ci, elle est en Afrique du Sud pour essayer de restaurer l’image très décriée du grand requin blanc.
Un "contretemps" l’empêchant de rentrer en France, c’est Alice et son père qui prennent l’avion pour passer Noël à Gordon’s Bay, près de Cape Town.
Dès son arrivée, Alice comprend que même si vingt années se sont écoulées depuis la fin de l’apartheid, l’élection de Mandela n’a pas résolu tous les problèmes.

Le paysage était impressionnant, des plateaux de sable rouge et jaune bordaient l'autoroute, mais ça a vite changé : des cabanes en bois n'ont pas tardé à s'amonceler le long des rails de sécurité, toutes rafistolées, des maisons minuscules sous des tôles ondulées, des abris de fortune faits de bouts de carton, de journaux, de planches, de fer rouillé... Il n'y en avait pas des dizaines mais des milliers, des milliers de cabanes bancales qui s'étendaient sur les dunes, à perte de vue...
— Ce sont les townships du Cap, a expliqué ma mère. Des sortes de bidonvilles qui datent du temps de l'apartheid. Comme vous voyez, pour eux ça n'a pas beaucoup changé...
Les gens assis sur les rails de sécurité étaient tous noirs...

Le "contretemps" évoqué de façon énigmatique par sa mère est un accident dont son collègue, océanographe, a été victime. Alors qu’il était en plongée, un grand requin blanc l’a attaqué et il s’en est tiré avec beaucoup de chance et quelques blessures. Cette attaque est surprenante parce que, selon la mère, les squales sont moins agressifs qu’on le prétend.

Toujours aussi curieuse, Alice va bien entendu se mêler des affaires des autres et notamment de ce qui se trame dans l’hôtel voisin où une jeune fille noire est rudoyée par un homme. Pour en savoir plus, Alice va réussir à entrer en contact avec Josephina…

L'écriture est toujours aussi vive et la narration à la première personne par Alice permet au lecteur de vivre au cœur de l’action. Le racisme, la violence, le braconnage, l’appât du gain sont des thèmes forts de ce roman qui devrait séduire aussi bien les filles que les garçons à partir de dix ans. Une lecture intelligente et passionnante à conseiller absolument.

Serge Cabrol 
(18/11/10)