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Jean FAILLER

Il vous suffira de mourir
(Mary Lester, volumes 33 et 34)



Tout commence par un banal accrochage sur une petite route de Bretagne. Lilian Rimbermin, le petit ami de notre vaillante policière, repart d’un feu passé au vert lorsqu’un vieux pick-up quitte son stationnement en marche arrière. Le choc est inévitable. Personne n’est blessé mais le break de Lilian est en piteux état. Le conducteur, déguisé en cow-boy d’opérette, refuse tout constat et seule l’arrivée du garde-champêtre empêche l’altercation de tourner au pugilat. Le conducteur fautif termine sa manœuvre et s’en va sans être inquiété. Plusieurs personnes sont présentes mais aucune ne veut témoigner sauf une femme qui donne sa carte de visite, Claire Aubenard.
Lilian fait remorquer sa voiture vers un garage. Il faut compter plusieurs jours pour la réparation. Pas de gare, pas de car, les hôtels fermés. Le village est plutôt isolé. Lilian s’adresse à Claire Aubenard qui rénove justement le Motel des Forges au bord du lac de Guerlédan. Elle accepte de lui louer une chambre pour la nuit.
Mary Lester le rejoint et ils doivent normalement repartir le lendemain pour quelques jours de bateau. Mais rien ne se passe jamais comme prévu…

Claire Aubenard est harcelée au téléphone par une voix qui, entre deux injures, lui conseille de quitter la région. « Sur vos pieds ou les pieds devant. Il vous suffira de mourir… »
Mary Lester qui surprend un de ces appels n’est pas du genre à faire semblant de ne rien avoir entendu.
Elle se met en tête de faire cesser ces appels. Mais il faut d’abord savoir qui en est à l’origine.

Et voilà notre capitaine de police sur le sentier de la guerre. Elle y rencontre des gens pas très sympathiques et se heurte à une loi du silence bien épaisse.
Les gendarmes eux-mêmes n’ont guère envie de se mêler de cette affaire dont ils savent à l’avance qu’elle ne va rien apporter de bon pour le village. Ils conseillent eux aussi à Mary Lester de quitter les lieux comme devrait aussi le faire Claire Aubenard et son compagnon au lieu de s’entêter à restaurer ce motel au bord du lac.

C’est mal connaître Mary Lester. Apprenant que deux ans plus tôt, deux gardes-chasse ont mystérieusement disparu et qu’on n’a jamais retrouvé leurs corps, la policière obtient du commissaire Fabien l’autorisation d’enquêter en concertation avec la gendarmerie.

Le cow-boy responsable de l’accident de Lilian règne sur la région avec l’aide de ses petits frères, quatre garçons mutiques et violents. Le garde-champêtre n’a pas l’air commode non plus, de même que le patron du bistrot, et l’enquêtrice est confrontée au cours de son enquête à des personnages assez patibulaires.

Heureusement, elle peut compter sur l’aide du lieutenant Fortin dont la présence musclée lui rend d’inestimables services dans bien des enquêtes.

L’atmosphère angoissante de ce roman est bien rendue, avec des airs de Mare au diable ou de Raboliot, entre le lac sous la brume d’automne et les forêts sombres où retentit le brame des cerfs, une zone de non-droit où le gibier et les gardes-chasse ont intérêt à se méfier des braconniers.
Mais les braconniers, eux, ont intérêt à se méfier de Mary Lester qui passe vite du rôle de gibier à celui de chasseur.

Lorsqu'elle embouqua le chemin qui menait aux Forges, le soir tombait. Tout comme lors de son arrivée, les lavandières de la nuit, ces écharpes de brume qui, au crépuscule, paraissent surgir du fond de l'eau effleuraient l'onde noire. Le gros corbeau croassait toujours à la cime du grand pin de la rive opposée et son chant funèbre résonnait dans toute la vallée. Au ras des berges, des ondes concentriques signalaient que la loutre était en chasse.
L'air sentait la feuille morte mêlée d'une fade odeur d'eau douce. Celle-ci luisait, sombre et pleine de maléfices sous la clarté blafarde de la lune.
En cet instant, que n'aurait-elle donné pour entendre la mer s'écraser sur la plage, pour sentir son odeur salée.
Elle aurait volontiers échangé l'appel lugubre du gros corbeau solitaire contre les criailleries aiguës des mouettes et des goélands.


Mais Mary Lester a le sens du devoir et rien ne peut la détourner de son objectif. Tête de mule, lui dit le commissaire Fabien. Les méchants n’ont qu’à bien se tenir !

Cette aventure se déroule sur deux volumes, cinq cent cinquante pages en tout, mais, comme d’habitude, elle se dévore en quelques heures… Une plongée au cœur de la Bretagne profonde autant en ce qui concerne l’humain que l’animal et le végétal. Où donc Mary Lester nous entraînera-t-elle la prochaine fois ?

Serge Cabrol 
(22/06/09)    



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Noir & polar







Editions du Palémon

Tome 1
Motel des Forges
270 pages - 8 €




Editions du Palémon

Tome 2
Le brame du cerf
284 pages - 8 €






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Mary Lester N°28

Mary Lester N°29

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