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Photos : Gérard RONDEAU
Devenu un adulte fragile, en marge et solitaire, il décroche un emploi
de gardien de nuit dans un musée qui correspond parfaitement à
ses désirs. De quoi admirer en paix les uvres exposées sans
être dérangé par la circulation du public, dialoguer avec
elles, se les approprier intimement. "C'était mon propre musée,
avec mes propres règles. Je ne faisais rien de mal, parce qu'il n'y a
pas de mal à caresser les jambes d'une statue, la nuit, vers quatre heures
du matin, en été, quand le jour se lève et qu'on termine
sa nuit de travail." Ses connaissances sur "ses" uvres,
doublées d'une incapacité à les analyser, impressionnent
et intriguent ses supérieurs mais, devant une non-sociabilité
et une étrangeté aussi prononcées, ils l'abandonnent vite
à sa solitude. Un jour, pour cause de rénovation des salles, l'emploi du temps du gardien
change et il doit travailler de jour. Un grand chamboulement pour celui que
les tableaux en partie décrochés ou emballés, la circulation
des ouvriers, le bruit des travaux, agressent et perturbent. Il perd ses repères,
s'affole tandis que des événements étranges surviennent
au musée... Notre homme se trouve donc convoqué dans le bureau
du directeur pour un interrogatoire, confronté aux clichés photographiques
des délits. "Je crois que j'ai fait des choses que je n'aurais
pas dû, mais je ne me rappelle pas quoi. Des choses graves qui peuvent
mener en prison, en tout cas. Un officier de police est même venu au musée
me poser des questions." L'homme, dans sa différence et ses
accès de violence possibles, inquiète et, par sécurité,
on est allé chercher un psychologue en renfort. Face à ces hommes
en noir et à cette femme en blouse blanche, Peter, tout d'abord sûr
de son intelligence, ballade son auditoire, résiste, puis perd pied et
s'agite, pour finalement lâcher prise avec soulagement et passer aux aveux...
"Je ne regrette pas un seul de mes gestes de ces nuits-là parce
qu'à ce moment-là précisément, j'avais l'impression
d'être enfin un être humain et d'exister, comme tout le monde." Le choix de la première personne comme narrateur ajoute au suspens puisque
le lecteur, découvrant l'affaire par les pensées du personnage
principal, ignore, comme lui, les griefs ou exactions qui pourraient lui être
reprochés. C'est avec une grande sensibilité et une finesse psychologique
que Cathy Ytak donne vie à travers cette histoire à un être
dont la pathologie paraît s'apparenter à de l'autisme conjugué
au syndrome de Stendhal (ivresse de l'art), à sa douleur à être
au monde, au fossé qui le sépare des autres, à sa violence
interne. Et on se retrouve finalement en empathie avec ce personnage fictif,
partageant son intimité et son angoisse, nous-mêmes fragilisés
mais séduits par l'étrangeté de cet individu à la
sensibilité à fleur de peau. Ce récit constitue aussi une visite de musée originale, avec
un regard personnel et documenté porté sur les quelques uvres
d'art pivots du récit, enrichie d'une réflexion plus générale
sur l'image et l'art. Dominique Baillon-Lalande |
sommaire Jeunesse Thierry Magnier Photoroman 108 pages - 9 € Visiter le site de Cathy Ytak Découvrir sur notre site d'autres livres du même auteur : 50 minutes avec toi Les aventures du Livre de Géographie qui voulait voyager avant de s'endormir Rien que ta peau L'ombre d'Adrien Les murs bleus Le cimetière d'Arhus |
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