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Cécile OUMHANI

Les tigres ne mangent pas les étoiles


L’exil est toujours difficile. Quitter son pays est une souffrance mais les conditions sont parfois telles qu’il n’y a plus le choix. C’est ce que vit Meena. Un retard d’avion fait qu’elle rate sa correspondance pour aller de Berlin en Afghanistan où son père, très malade, est en fin de vie.

Elle échange avec une femme rencontrée dans l’aéroport, la narratrice du roman, qui part vers l’Inde pour un colloque mais aussi sur les traces de son père aujourd’hui décédé. Comme Meena, la narratrice a raté sa correspondance. Les deux femmes passent la nuit dans le même hôtel avant de prendre un autre vol.

L’écriture poétique de Cécile Oumhani retrace essentiellement la vie de Meena. Les douleurs des séparations, les horreurs de la guerre, les accidents de la vie, les rêves anéantis, les vies broyées…

Meena a été déracinée entre l’Inde, l’Afghanistan et l’Allemagne encore divisée par le mur de Berlin.
« J’étais maintenant à Berlin-Ouest assoiffée des eaux bleues du ciel où j’avais semé et regardé pousser les graines de mon désir. Je leur avais apporté un soin maniaque. Et je me retrouvais là, à essayer de vivre comme si rien de cela n’avait existé. Je l’avais réussi, mon examen, et brillamment. J’en voulais à mes parents de ne pas m’avoir écoutée. J’en voulais à la vie de m’avoir séparée de mon frère. Quand il est retourné vivre en Inde, quelque chose est mort en moi. »

La narratrice, plus discrète, écoute son récit mais des proximités existent car Meena est née en Inde, le pays où se rend la narratrice.
« Moi, j’allais à mon colloque, après avoir perdu un père aimant et âgé. J’avais raté un avion. Et puis quoi ? Ma petite existence se déroulait sans accrocs majeurs. Demain soir, je serai en Inde, libre d’y imaginer l’enfance de mon père, de chercher tranquillement dans les paysages de secrètes correspondances, de m’en émouvoir. À loisir, je pourrais m’interroger sur ce collier qu’il avait conservé jusqu’à la fin. »

Nous retrouvons l’écriture de Cécile Oumhani qui nous parle avec beaucoup d’humanité et de poésie de ces deux femmes qui expriment leurs souffrances, leurs doutes, leurs quêtes.

Brigitte Aubonnet 
(03/07/24)    



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Éditions Elyzad

(Mai 2024)
160 pages - 16,50 €


Vous pouvez lire
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un entretien avec
Cécile Oumhani


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