C’est ce long chemin que l’autrice nous fait partager. Une volonté de fer pour braver le machisme ambiant, y compris bien sûr dans la société de psychanalyse… une grande liberté et des choix féministes très mal tolérés à l’époque. Quand les nazis annexent l’Autriche et pénètrent à Vienne, elle parvient à se faire arrêter à la place de son père déjà très malade. Quel cran, quel courage ! Heureusement, une princesse influente la sort de là. Il faut donc se décider à partir. L’exil à Londres s’organise.

Anna avait déjà ouvert une école à Vienne, elle poursuit ce travail à Londres et recueille des orphelins, devenant ainsi la pionnière de la psychanalyse pour enfants, la rivale de Mélanie Klein. Rien ne lui fait peur, ni les enfants violents, ni les cas difficiles. Cette femme est à la fois d’une immense générosité et abnégation et d’une intelligence rare. Elle sait écouter et comprendre les enfants en les observant, et peut ainsi guider les éducateurs et pédagogues en leur donnant les clés de leur comportement étrange.

Dans ce roman épique, on croise des personnages comme Lou Andreas-Salomé, Marie Bonaparte, Virginia Woolf, Rainer Maria Rilke à travers sa poésie.

L’écriture épouse à la perfection les émotions d’Anna, parfois haletante, angoissée, parfois apaisée.
« L’école avait surgi d’un rêve. Anna se réveilla, le cœur battant, en sueur, assise au milieu de son lit étroit, le souffle coupé. C’était ça qu’elle devait faire, c’était ça qu’elle allait faire, une école pour des enfants perdus, son école. Avec ses méthodes. Ses enseignants. Ses règles de vie. Ses projets. En parallèle, les enfants suivraient une analyse. Du moins, ceux qui le souhaiteraient. Elle allait mettre en œuvre ce qu’elle avait appris, une autre pédagogie, moderne, des enfants que la psychanalyse aurait rendus plus libres, plus ouverts, généreux, inventifs, avides d’apprendre. »

Un roman qui donne envie d’en savoir plus sur l’œuvre d’Anna Freud, mais nous permet déjà de l’admirer infiniment.