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Julia BILLET


La trouille


Un jeune homme est incarcéré depuis dix mois mais au moment de sortir de prison il a peur, la trouille de sortir. Le monde extérieur est angoissant. Pourtant sa mère le soutient. Elle est fidèle et généreuse. Elle a excusé son mari quand il est parti du domicile conjugal, elle ne reproche rien à son fils malgré les bêtises qu’il a faites : « Ma mère n'a pas perdu sa tendresse naïve et j'ai du mal à la comprendre. Comment, après tout ce qu'elle a subi et subit encore, peut-elle garder une telle foi en la vie ? Après mon père, mon déraillement, la taule, la honte face aux voisins, à son chef, les fins de mois qui durent plus que de raison, ma sale humeur certains jeudis, l'avocat qui a dit tant de saletés pour me faire passer pour un pauvre garçon livré à lui-même depuis tant d'années, avec tout ce qu'il n'a pas dit d'elle. Et tout le reste. Comment peut-elle encore garder cette foutue gentillesse qui me met tellement en rogne ? »

Le jeune homme a peur du bruit de la prison mais aussi du silence : « Le bruit prend de la place et le silence s'y glisserait s'il n'y avait plus un tel bordel. Et je ferais quoi moi, avec tout ce vide ? Et je ferais quoi de moi, à me retrouver avec moi ? Tout seul avec moi. »

Il a appris à lire en prison, il a été protégé par Moha qui paradoxalement ne veut pas qu’il assiste à l’atelier d’écriture : « On ne peut pas tout avoir. Moha et les ateliers d’écriture. Et je n’ai aucun doute là-dessus, pour l’instant Moha m’est bien plus utile. Et je veux croire qu’il sait pourquoi ce ne serait pas bon pour moi. »

Le narrateur rencontre la doctoresse qui connait le syndrome dont il souffre : « T'as la trouille mon garçon, c'est ça ? Tu ne sais pas pourquoi mais t'as la trouille de sortir ? Tu as l'impression d'être idiot, maso, parce que tu la veux cette sortie, tu n'en peux plus de la taule, mais en même temps, c'est la peur qui prend toute la place ? »

Alors une semaine en montagne sera organisée avec un groupe de détenus au moment de leur sortie pour leur faire vivre une expérience de groupe, près de la nature.

Le roman décrit très bien cette initiative, proche d’un rite initiatique, pour  permettre à des personnes jeunes ou moins jeunes de vivre un temps de basculement dans leur vie au moment où ils vont retrouver la liberté. L’écriture de Julia Billet, toujours aussi agréable, rend avec beaucoup d’émotion ce que ressent ce jeune homme qui débute sa vie d’adulte avec difficulté mais rencontre des adultes qui lui permettront de réfléchir honnêtement sur ce qu’il est et sur son devenir.

Le thème est aussi très original car il évoque une réalité dont on parle très peu mais qui est vécue par certains détenus au moment de leur libération. Cela sous-entend la difficulté du monde extérieur et du fonctionnement de la société.         

Brigitte Aubonnet 
(21/06/17)    



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Jeunesse



Calicot

(Avril 2017)
64 pages - 9 €




Julia Billet,
née en 1962, a écrit plusieurs dizaines de livres pour la jeunesse
et pour les adultes.

Bio-bibliographie sur
Wikipédia




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