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Un bon peintre est un peintre mort, surtout en notre siècle, semble-t-il. Les artistes reconnus aujourd’hui sont des plasticiens, ou des installateurs, ou des emballeurs, mais pas des peintres. Duchamp est passé par là au début du siècle dernier, bien sûr. Mais même après Duchamp, on a encore peint. Pollock, Rothko, de Staël, dirais-je. Pour le moins. C’est pourtant la marque infâmante de la peinture qui apparaît en orange sur les murs de l’école des Beaux-arts de Lille, en 2004, « Peinture et Ripolin interdits ». Carole Fives, qui a suivi les cours de cette école, revient ici, sous forme romanesque, sur l’enseignement qui lui a été prodigué : la suprématie de la vidéo, des images et des écrans, des installations et du body art. Ce qui, même au début des années 2000 où l’autrice place son roman, datait sans doute déjà un peu. L’enseignement, même – et surtout – non académique, a toujours une longueur de retard, quand il se veut et se croit révolutionnaire. Les peintres sont ostracisés dans cette école des Beaux-arts, mais tout un pan de l’histoire de l’art également. Où sont les femmes ? Lorsqu’il est question d’évoquer ou d’étudier plus avant les phares de l’art contemporain, aucune artiste femme n’est mentionnée. Le professeur en charge de ces cours, interpelé par Lucie sur ce phénomène, avoue qu’il ne s’en est même pas rendu compte. Il laisse la parole à son étudiante pour un exposé centré sur les artistes féminines de la deuxième moitié du XXe et le début du XXIe. La page 46 du roman dresse une liste assez complète de ces femmes que l’on oublie souvent de nommer, et qui ont laissé une marque importante. Peut-être que le geste artistique des femmes dérange, parce qu’il y a souvent dans leur démarche une intention de mise en avant de ce qui se cache. L’exemple emblématique de ces artistes est sans doute Niki de Saint Phalle, dont le travail à la carabine est évoqué par Carole Fives. Christine Bini (20/08/20) Lire d'autres articles de Christine Bini sur http://christinebini.blogspot.fr/ |
Sommaire Lectures Gallimard (Août 2020) 176 pages - 16,50 € Carole Fives Bio-bibliographie sur Wikipédia Découvrir sur notre site d'autres romans du même auteur : C’est dimanche et je n’y suis pour rien Une femme au téléphone Tenir jusqu’à l’aube |
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