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Yaël HASSAN


Poing levé



Mai 2020, Junior, élève de 4e, est confiné. Le collège est fermé, la chambre et l’ordinateur remplacent la salle de classe, c’est beaucoup moins convivial. Les professeurs de français et d'histoire-géo leur ont donné un sujet commun : « Biographie documentée d'une personnalité qui a tenté de changer le monde. »

À Minneapolis, le 25 mai, George Floyd meurt, étouffé par un policier américain.
Junior est très perturbé par ce décès, par les émeutes qui s’ensuivent et par un titre du JT disant qu’aux Etats-Unis, le coronavirus touche 2,5 fois plus de Noirs que de Blancs.  
Il trouve tout de suite son sujet pour le devoir du collège : ce sera Tommie Smith, l’athlète afro-américain qui, avec John Carlos, s’est distingué sur le podium des Jeux olympiques de 1968 en levant le poing pour symboliser la force et l’unité de l’Amérique noire.  « Dès le lendemain, Tommie et John sont bannis du village olympique et exclus à vie des Jeux et de toute autre compétition. […] Mis au ban de la société, traqués, boycottés, menacés de mort… »
« Heureusement, les mentalités ont évolué aux États-Unis. Petit à petit, le geste de Smith et Carlos est devenu un objet de fierté. […] Au fil des années, les deux parias sont devenus des héros aux yeux d'une grande partie de l'opinion publique. Le 17 octobre 2005, l'université de San Jose leur a érigé un monument les représentant le poing levé sur le podium de Mexico. Enfin, Barack Obama les a reçus à la Maison-Blanche en septembre 2016 pour leur rendre hommage : "Nous sommes honorés d'avoir les légendaires Tommie Smith et John Carlos ici aujourd'hui. Leur puissante protestation silencieuse aux Jeux de 1968 a été controversée, mais elle a réveillé les consciences." »

Tommie Smith, Junior le connaît depuis qu'il est tout petit, grâce à son grand-père Marvin, grand amateur de sport en général et d'athlétisme en particulier. Il téléphone donc à Gran-Pé qui lui donne des informations et des conseils de lectures.
Au fil du roman, on suit Junior préparant son exposé et chaque chapitre commence par un extrait d’une biographie de Tommie Smith à la première personne depuis sa naissance au Texas en 1944 jusqu’aux Jeux Olympiques de 1968.

En alternance avec l’exposé, nous découvrons l’environnement de Junior, sa famille, et ses amis avec lesquels il communique par textos ou qu’il rencontre à 18 heures sur une place à côté du collège. Il y a Arthur, son meilleur copain, d’origine vietnamienne, qui a choisi Gandhi comme sujet de recherche. Et puis, il y a Moussa et Yasmine qu’il connaît depuis la maternelle et Anissa qui vient d’arriver au collège et dont il est tombé raide dingue dès le jour de la rentrée. Seulement Anissa a un frère qui la surveille étroitement, qui ne supporterait pas qu’elle fréquente un garçon et encore moins un « renoi ». Junior habite une maison individuelle dans un lotissement et Anissa dans une cité où la règle est claire et répétée comme un leitmotiv dans sa famille : « Les Rebeus avec les Rebeus, les Renois avec les Renois et les Feuj's avec les Feuj's. Voilà, c'est aussi simple que ça. Ce n'est pas du racisme, mais c'est comme ça dans la vraie vie. » On peut être amis mais pas plus.
Voilà qui surprend Junior et n’est pas de nature à faciliter une relation amoureuse…
 
Confinement oblige, on passe plus de temps à la maison, fenêtre ouverte, et des notes de musique parviennent aux oreilles de Junior : la leçon de piano de la voisine d’en face…
« Chez elle, tout le monde joue d'un instrument et, pendant le confinement, après les applaudissements de vingt heures à l'intention des soignants, ils improvisaient souvent un mini-concert pour la très grande joie des voisins. La fille au piano, son père au violon, le plus jeune frère à la guitare. Le père et le frère sortaient devant la maison tandis qu'on entendait la fille jouer depuis l'intérieur. Junior ne connaît pas l’adolescente pianiste, qui doit avoir à peu près son âge. Contrairement aux autres enfants du lotissement, elle ne traîne jamais dehors et Junior ne l'aperçoit que très rarement. Elle est pour lui un mystère total. »
Bien sûr, difficile de résister au plaisir de percer un mystère…

La vie des collégiens pendant le confinement, l’exposé de Junior sur Tommie Smith, la mystérieuse voisine musicienne, tout cela, et bien d’autres choses encore, constitue un cocktail passionnant, porté par l’écriture vive et tendre de Yaël Hassan, un cocktail qui devrait plaire à beaucoup d’ados, filles ou garçons, confrontés eux aussi à toutes ces réalités du quotidien.

Serge Cabrol 
(06/09/21)    



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Jeunesse






Yaël HASSAN, Poing levé
Le Muscadier

Collection
Rester vivant

176 pages - 13,50 €














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