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Complicités

(Mars 2024) 148 pages - 18 €

Claude DARRAS


Roger CUREL

Le marcheur à l’étoile


Dans cet ouvrage très documenté, Claude Darras évoque la vie, les engagements et les œuvres d’un homme hors du commun – militant, résistant, aventurier, écrivain… – avec qui il a pu s’entretenir plusieurs fois dans sa maison du Vaucluse.
« Quand on l'approche, il intimide, il déroute, il déconcerte. Il n'est pas simple d'étiqueter le vieux molosse qui mord au jarret les dévots bedonnants et les athées ridicules. C'est une espèce de franc-tireur. Il aime la polémique, l'indignation est pour lui une vertu. Animé d'une exigence bougonne, il s'élève contre la fadeur populiste du temps et la médiocrité grimaçante de la société. Soldat des Forces françaises libres de 1942 à 1945 (de 19 à 22 ans), pensionnaire du musée de l'Homme après la guerre, interprète privilégié des griots haoussas, complice de l'ethnologue et cinéaste Jean Rouch, assistant metteur en scène du film Crin Blanc (Albert Lamorisse, 1953), scénariste de Traitement de choc (Alain Jessua, 1973, avec Alain Delon et Annie Girardot), journaliste et écrivain, le personnage est emblématique, inclassable. Parmi quelque vingt romans, essais et récits, vous apprenez vite en le lisant qu'il n'a pas une très bonne opinion de l'espèce humaine. »

Au fil d’une trentaine de chapitres, en mêlant la documentation, les citations des œuvres de l’auteur et des confidences reçues pendant les entretiens, Claude Darras nous permet de découvrir un personnage haut en couleur qui n’a jamais évité de prendre position, sans compromission, parfois au détriment d’une reconnaissance, d’une célébrité et d’une postérité que certains ont préféré limiter.

Roger Rosfelder nait en 1923 en Algérie, près d’Oran. Il choisira pour pseudonyme le nom de son grand-père maternel, Jean-Paul Curel, notaire à Bône (aujourd’hui Annaba).
Il passe son enfance dans la ferme familiale près d’Alger et c’est à onze ans que le cinéma s’invite dans son univers, quand Julien Duvivier vient tourner Golgotha à proximité. Le père de Roger, cultivateur mais aussi maire du village, héberge le réalisateur et toute l’équipe du film, inscrivant dans l’esprit du jeune garçon « une empreinte indélébile, prémisses d’une des vocations de l’adulte. »
A quinze ans, il est envoyé à Paris au collège Stanislas où il passe deux ans et assiste en direct à l’occupation de Paris par les nazis en juin 1940. De retour en Algérie il s’engage dans un réseau de résistance et tente de gagner l’Angleterre pour rejoindre de Gaulle mais il est arrêté à Sidi-Bel-Abbès et se retrouve dans un camp de jeunesse encadré par La légion française des combattants qui deviendra la Milice. Les conditions sont dures. En 1942, il choisit de devancer l’appel et fait huit mois de service militaire, ce qui lui permet de participer, au sein d’un réseau clandestin, à la préparation du débarquement anglo-américain de novembre 1942 en Afrique du Nord et à l’assassinat de l’amiral Darlan en décembre.
C’est un garçon courageux qui n’a pas froid aux yeux. En 1943, il rejoint la 2e DB du général Leclerc et participe à la libération de Paris en 1944.

Après la guerre, il va se passionner pour l’ethnologie, voyager en Afrique, participer à des documentaires avec Jean Rouch, des expériences et aventures qui nourriront son œuvre littéraire, dès 1956 avec la publication de son premier roman, Le géant du grand fleuve, chez Julliard.

Il rêve de « prendre part à l’avènement d’une Algérie qui saurait solder la dette de la colonisation pour fonder un monde neuf où la mixité culturelle permettrait aux adeptes des confessions musulmanes, juives et chrétiennes de vivre dans la paix et l’harmonie ». Vaste projet…
En 58-59, il enquête et réalise des reportages en Tunisie, indépendante depuis 1956, qui sert de base arrière à l’Armée de libération nationale, bras armé du FLN créé en 1954.
Après l’indépendance des pays africains il ne cessera de dénoncer le pillage organisé de la « Françafrique ».

Au fil du livre de Claude Darras, c’est sa vie aventureuse qu’on suit, ses réflexions et ses actions, ses recherches ethnologiques, ses contributions cinématographiques et ses créations littéraires, le récit passionnant d’une vie hors norme émaillé d’anecdotes pleines d’humour recueillies pendant les rencontres avec Roger Curel dans sa maison du Vaucluse.

Claude Darras se livre ici au délicat travail de biographe, alliant ses qualités de journaliste et d’écrivain pour présenter avec une grande précision et à parts égales la vie et l’œuvre d’un auteur qui mérite d’être connu et reconnu bien plus qu’il ne l’a été. Il n’est jamais trop tard pour bien faire…

Serge Cabrol 
(10/06/24)    




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Pour mémoire

















Roger Curel
(1923-2016)
Écrivain né en Algérie, résistant et militant anticolonialiste, journaliste, ethnologue, cinéaste...


















Claude Darras,
né en 1948,
après avoir été journaliste
et enseignant,
est critique d'art
et chroniqueur littéraire.


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