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Anton d’après les écrits de Tchekhov Il n’est nul besoin de décors recherchés pour que le théâtre vive et nous enchante. Ainsi Catherine Salviat, en compagnie de deux chaises et d’un vase où se dresse une rose voisinant avec la photo d’Anton Tchekhov, nous invite-t-elle à communier, en toute intimité, avec l’un des plus grands écrivains russes dont elle effeuille les pans de vie. Et on la laisse nous raconter. Et l’on se laisse écouter. Son timbre de voix, à la fois vif et tendre, laisse ouïr un doux lyrisme ponctué de la musique des silences entre les mots. On voyage à travers l’univers d’Anton Tchekhov à partir de son journal, de sa correspondance avec sa femme, la comédienne Olga Knipper. Il est né le 17 janvier 1860 à Taganrog, au bord de la mer d’Azov, nous relate Catherine Salviat (Sociétaire honoraire de la Comédie-Française), d’une famille composée de cinq garçons et d’une fille. La comédienne a collecté des matériaux vivants, des mots, des phrases, des images des Trois sœurs ou de La mouette. Elle évoque, avec un sens aigu de l’authenticité, des atmosphères, des propos futiles. Elle chantonne une mélodie où l’âme russe est évoquée. Nous laisse entendre le dilemme de la vie de Tchekhov, composant avec la tuberculose qui l’atteint dès 1884. L’écrivain tousse, crache le sang et avance dans la vie en s’étonnant de franchir le cap des trente ans, celui des quarante. Malgré tout, il se rend en 1990 sur l’île de Sakhaline, au large de la Sibérie, où il enquête sur les forçats reclus en des conditions inhumaines. Ce que l’on ressent à travers le portrait que brosse Catherine Salviat, c’est le chemin d’un homme malade avec toutes ses incertitudes, une certaine manière de réagir devant le monde, de l’aimer et d’en souffrir. Jamais triste, volontaire, optimiste, doué d’une intelligence qui par le biais de démonstrations satiriques met à distance, comme il le peut, ses tourments physiologiques et nous laisse entendre son bonheur d’être en vie. Anton Tchekhov positive, au mieux qu’il le peut, avec sa grande amie la littérature, son autre compagne. La comédienne se glisse dans sa peau, nous fait entendre la peur, les craintes de l’avortement de ses œuvres. Son étrange comportement envers l’amour et les femmes. Il met tellement de temps à épouser Olga Knipper, la comédienne qu’il a repérée sur les planches de La Mouette. Entraîné par l’attrait incantatoire, on arrive au terme de la vie de Tchekhov. Sous le soleil de Yalta, il meurt à 44 ans, au seuil d’un bonheur presque possible, après avoir salué la vie d’une ultime coupe de champagne. La voix de Catherine Salviat s’éteint, comme la lumière ; le noir et le silence s’installent, l’espace de quelques instants, avant que ne résonnent les applaudissements. Patrick Ottaviani |
Sommaire Une loge pour le strapontin Artistic Athévains 45 bis rue Richard-Lenoir 75011 Paris Métro : Voltaire Réservation 01 43 56 38 32 Conçu et interprété par Catherine Salviat (Sociétaire honoraire de la Comédie Française) |
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