Où aller quand la vie a tout cassé, a brouillé les pistes ? Où aller quand la logique du monde et sa propre logique de vie n’ont plus de sens ? Se retrouver seul avec ses doutes, ses peurs, son passé, ses drames. La Cité Funambule regroupe ces êtres qui sont perdus dans leur tête et ne savent plus mener leur vie.

Ils sont insolites, se déplaçant comme sur un fil, en équilibre instable qui peut les faire basculer dans le vide où les mener vers un lieu plus stable qui leur permettra de reprendre le cours normal de leur vie. La vie ne tient qu’à un fil, toute cette symbolique est présente dans cette pièce de théâtre.

Des visites guidées sont organisées pour observer ces êtres à la dérive, pour voir ce que la vie peut nous réserver car basculer dans un univers où l’on n’arrive plus à vivre dans l’équilibre fragile que chacun s’invente de la naissance à la mort est un risque pour tout le monde.
« La Cité Funambule, Mesdames et Messieurs, héberge certains de nos semblables, de tous âges et de tous milieux, qui ont en commun d'avoir un jour chuté. Son implantation sur un plateau n'est pas fortuite : le ciel y est plus présent, l'air plus vif et cela peut les aider à se remettre debout. D'ailleurs, vous en verrez sûrement quelques-uns déambuler dans le grand parc en s'essayant à garder le nez au vent et le regard haut, comme pour retrouver les sensations perdues du temps d’avant. »
Eux, ne voient pas les touristes qui les regardent avec la curiosité, l’empathie ou l’indifférence que l’on peut avoir dans un musée.

Ce texte très métaphorique agit comme un révélateur photo des souffrances humaines, enfouies, dissimulées un temps et qui parfois émergent pour envahir le présent. Plusieurs personnages racontent leurs fêlures.

C’est aussi une réflexion sur le regard que la société porte sur ces humains à la dérive qui ne fonctionnent plus "normalement". Qui est dans la normalité ? Ceux qui résistent en fuyant dans une folie de survie ? Ceux qui observent en spectateur et sont malmenés par le rythme imposé par la société qui respecte de moins en moins l’humain ?

Jacques-François Piquet poursuit sa recherche, par l’intermédiaire de la dramaturgie, sur les fonctionnements humains comme il l’avait déjà fait dans Qui d’autre ? Son approche est différente mais tout aussi essentielle.

Brigitte Aubonnet 
(22/08/10)