... Que se passe-t-il exactement dans le bois sacré, personne ne le sait ou plutôt personne ne le dit. On sait que le jeune initié doit y affronter des épreuves physiques et morales, mais le secret en est strictement préservé. Ce sont les anciens initiés, les féticheurs qui vont transmettre aux nouveaux ce qui fera d'eux des hommes, les principes, les secrets, les valeurs...

Simon, seize ans, le principal narrateur de cette histoire, vit seul avec sa mère, Zoé. En seconde au lycée, les études ne le passionnent pas et il s'ennuie à longueur de journée malgré les copains et surtout Imène dont il est secrètement amoureux.

Il adore son père, Bernard, qui habite ici ou là, dans un studio ou un hôtel, et avec qui il passe régulièrement de très bons moments à rire, regarder des films, fumer des cigarettes ou écouter les Doors.

C'est jour faste, justement, quand s'ouvre ce roman, avec un retour inattendu de Bernard qui devait aller au Canada mais y a renoncé. Le père et le fils passent une soirée de grande complicité tandis que Zoé va se coucher.

Le lendemain, Bernard vient chercher son fils à la sortie du lycée avec sa grosse moto et lui propose d'aller voir la mer. Simon est étonné que sa mère accepte aussi facilement qu'il sèche les cours.

Un chapitre dont Zoé deviendra la narratrice nous expliquera ce qui la pousse à laisser ainsi le père et le fils partir sur les routes.
Parce qu'après la mer, Bernard a proposé de partir plus longtemps, dans les Cévennes.

– Tu as lui as dit quoi, exactement à maman ? je demande.
– J'ai un peu pipeauté... juste qu'on allait bosser pendant un mois chez un artisan. […]
– Et c'est quoi, ton artisan ?
Bernard éclate de rire.
–Y a pas d'artisan... En fait, pour tout te dire, je sais pas du tout où on va... J'avais envie de prendre l'air, tu comprends... On a encore de quoi se payer à bouffer pour une semaine environ, et puis je trouverai bien quelque chose à faire... Y a plein de mecs qui veulent retaper leur maison et qui cracheraient pas sur un coup de main ! Finalement j'ai pas vraiment menti, sauf que l'artisan, je le connais pas encore, et qu'il est peut-être pas artisan !

Et les voilà partis. En réalité, Bernard sait où il va, vers un hameau perdu où il a vécu quelque temps, il y a une vingtaine d'années…
Bernard deviendra à son tour narrateur, le temps d'un chapitre, et nous en saurons plus sur sa vie, sa rencontre avec Zoé, la naissance de leur fils…

Le voyage se transforme, pour Simon, en parcours initiatique.

Evidemment, il y a les pannes de moto, les étapes plus ou moins volontaires, les moments où ils se perdent, la fatigue, les orages, mais le soleil revient toujours après la pluie…

Marie-Florence Ehret nous offre là un roman optimiste, émouvant et lumineux, qui étonne, fait réfléchir et séduit à la fois. Une bonne lecture pour les ados en quête d'identité…