Je suis désolée mais je suis pleine d’espoir.
(Romane un des personnages de votre roman)

J’ose m’adresser à vous puisque depuis 2013, date de votre deuxième roman, Les fuyants, que j’ai eu le plaisir de chroniquer, vous m’avez écrit un petit mot sur chacun des romans qui ont suivi et que j’ai eu l’honneur de présenter ici.

J’aime, vous le savez déjà, votre manière discrète, l’air de rien, d’aborder de terribles sujets. C’est toujours avec une grande émotion que je lis vos romans courts, percutants, bouleversants.

Un printemps en moins est aussi beau que vos autres romans, peut être rendu plus fort par l’enjeu – Gabriel, l’ado dont vous racontez le calvaire, est entre la vie et la mort – et par la grande retenue stylistique que vous vous imposez. Cette pudeur, cette économie de mots pour dire juste, est votre marque de fabrique et ici devant l’horrible angoisse, la culpabilité de ceux qui assistent impuissants au combat pour survivre de Gabriel, votre façon de dire serre le cœur car elle paraît si fragile, si tendre, si désarmée à l’opposé de ce que votre livre dénonce : l’obscénité des anonymes des réseaux sociaux, leur façon de s’y répandre et d’y imposer leur répugnante dictature de la bêtise, l’autre visage de la haine.

J’aime votre façon de raconter Gabriel par son absence, en creux, et pour cause, il est dans le coma. On va le découvrir par les autres, pas ceux qui l’ont détruit, mais ceux qui l’entourent, qui l’aiment, qui s’en veulent terriblement de n’avoir pas vu la vague qui l’a submergé, de ne pas l’avoir protégé. Sous les coups de la connerie de leurs coreligionnaires, aujourd’hui, des élèves meurent dans le cadre scolaire.
J’aime que vous soyez devenu leur chevalier, armé de sa seule plume pour combattre ce fléau, mais quelle plume !

Comme j’ai eu peur de mon enthousiasme à l’égard de vos textes, j’ai fait lire Un printemps en moins à quelques-uns de mes proches. Vous avez fait l’unanimité sur la beauté (Ah la tendresse du père !) et la force de votre texte et vous avez conquis de nouveaux lecteurs.
Merci pour ce livre en plus

Sylvie Lansade 
(18/09/24)