Le téléphone carnivore, ce titre indique bien le genre du roman, fantastique, mâtiné de gore, comme le film auquel il est fait référence dans le récit, La nuit des morts vivants. En effet quoi de plus quotidien et innocent qu’un téléphone, mais carnivore cela nous fait entrer dans l’horreur. Toutefois ne dit-on pas de certaines personnes, particulièrement les ados, qu’ils sont "happés" par leur téléphone ? C’est dans le roman pris au pied de la lettre et le pauvre Tom sera avalé dans une cabine téléphonique. Le gore ne se fait pas sans humour.

L’autre référence est littéraire : la belle Karen, qui rend amoureux d’elle tous les élèves mâles de l’école, lit Sa Majesté des mouches et La métamorphose comme tout ado qui se respecte. Richard, à force de dire à Fatso « t’es un cafard, t’es un cafard », le transformera involontairement en cigale aperçue plus tôt dans la Forêt du miroir et qui s’envolera par la fenêtre de sa chambre.

Deux jeunes qui disparaissent sans laisser de traces, il y a de quoi mettre la police sur les dents et accuser Richard qui à chaque fois était à leurs côtés.
« T-t-t-t’es dingue » fit Tom et je suis qu’il avait peur car son bégaiement comptait une répétition de plus que d’habitude. Trois répétitions normalement, c’est le nombre de parties que contient le roman, Trois variations de la même histoire.
La deuxième partie se termine presque par « N-m-m-mangez pas tout s’exclama une voix au dehors. M-m-moi aussi j’en veux. » On reconnaît la voix de Tom qui prend l’expression « donner de sa personne » au pied de la lettre et passe son bras au hachoir pour la fabrication des hot-dogs.
Enfin la troisième partie qui éclaire les deux autres se termine par Le téléphone carnivore.

Nous avons la VO et le remake ainsi que les bonus. Surtout ce roman, ce conte, c’est Quetzalcóatl, l’oiseau serpent, dieu de la pensée et de l’art, l’oiseau comme Fatso qui s’envole et les racines de l'arbre qui traversent la maison de Nuit, qui serpentent et agrippent les pieds de Richard. La maison de nuit dans la Forêt du miroir où le reflet dit « I am you » tandis que vous dites « I am me ». Le serpent à plumes qui se mord la queue comme le roman.

Le héros se nomme Richard Elauved qui provient de « Rich are the loved » comme devrait être tout un chacun, particulièrement un ado.

Fantastique roman que signe Jo Nesbø pour son entrée pour son entrée dans le genre. Un roman qui supporte la comparaison avec les deux récits cités au début.

Michel Lansade 
(05/09/24)