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Jo NESBØ


De la jalousie


Le recueil est composé de 7 nouvelles d’inégales longueurs, de 150 pages pour la plus longue, un petit roman, Phtonos, le dieu de la jalousie, de la rivalité, à 18 pages pour la plus courte, Les Aveux. Elles relèvent bien de la Série Noire car elles comportent toutes un crime et un moteur, titre oblige, la jalousie, essentiellement amoureuse. En revanche, elles présentent chacune un milieu social différent, de l’éboueur pour Déchet, à l’écrivain et ses tourments littéraires pour Odd, si bien que « la jalousie n’est pas la même » et que ces 7 nouvelles sont sept passionnantes histoires construites différemment.

Remarquable dans ce recueil, Phtonos, bien sûr à cause de sa longueur mais aussi en raison des jumeaux, Franz et Julian, et de la construction de la nouvelle sur la gémellité, comme une escalade en parallèle.  Nikos Balli, enquêteur en jalousie, tel est son titre, recherche pourquoi un des jumeaux a disparu, là s’arrête sa mission, détecter ; après prouver, c’est à la police de le faire. Jo Nesbo à l’art de faire passer l’improbable en vraisemblable… Franz et Helena Ambrozia, Nikos et Victoria, des couples, des histoires de grimpeurs… L’escalade ? « En cas de chute, la corde est tirée à travers le frein d’assurage à une vitesse telle que le mécanisme se bloque, à moins que l’assureur l’ait entièrement ouvert. Si le grimpeur tombe, il ne tombe donc que légèrement au-dessous du dernier mousqueton auquel il a fixé la corde et est arrêté par le frein et le poids de l’assureur. Autrement dit, l’escalade sportive, la plus répandue, est relativement sans danger comparée à l’escalade en solo intégral, par exemple, qui se fait sans corde ni quelconque assurage, et où l’espérance de vie est plus courte que chez les héroïmanes, ce qui du reste n’est pas une mauvaise comparaison. » Sans danger, à moins que l’assureur ne fasse pas le poids, que la corde ne soit pas trop courte ou bien qu’il n’y ait pas de nœud au bout… Et le lecteur grimpe sur la nouvelle avec entrain, sans « ailes de papillon » jusqu’à la chute finale où se déploie le brio du conteur qui sait toujours surprendre.

En fait elles sont toutes remarquables, de La file d’attente à La boucle d’oreille, mais j’ai un petit faible pour Odd. « L’on pourrait dire que tout commença lorsque Odd Rimmen quitta le Charles Dickens Theatre quelques secondes à peine avant de devoir se tenir, ou plus exactement s’asseoir, sur scène pour parler de son dernier roman, La colline. » La nouvelle est si habilement construite que nous ne savons plus dans quel récit nous sommes, celui de la nouvelle ou du roman de Odd.

Comme si planait le fantôme de Harry Hole sur ces nouvelles, ça boit sec à Londres, en Grèce ou en Norvège. « Tu t’es penchée devant moi et tu as demandé un gin tonic pour chacun de nous », en avion, dans Londres. « C’était vrai, je ne me sentais pas mal du tout. L’Ouzo 12 est peut-être infect mais, à son crédit, il donne moins la gueule de bois que le Pitsiladi. J’avais bu et chassé ce que j’avais à chasser. » à Kalymnos, île grecque. « J’avais trop la gueule de bois pour prendre la Corolla dans le garage, il ne restait plus qu’à passer mes frusques et aller attraper le premier bus du matin. », à Oslo, pour Déchet…
Aussi, accompagnez, immodérément, votre apéro ou votre digestif, de ces savoureuses nouvelles.

Michel Lansade 
(26/08/22)    



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Noir & polar








Gallimard / Série Noire

352 pages - 19,50 €


Traduit du norvégien par
Céline Romand-Monnier





Jo Nesbø

Bio-bibliographie sur
Wikipédia




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