Régine Detambel met superbement en scène Sarah Bernhardt grâce à des images littéraires dignes de l’actrice. « Elle dit que Sarah n’est pas un être fait de sang. Qu’elle est pétrie d’une substance non humaine, de magnésium peut-être. »

Le roman évoque la force de caractère de l’actrice « lumière » pour surmonter toutes les douleurs, amoureuses, professionnelles ou physiques. Elle s’implique complètement dans toutes les facettes de sa vie. Elle est dépendante au succès et à l’argent, d’autant plus qu’elle aide financièrement son fils Maurice. Sarah montrera sa détermination face à la maladie, elle demandera à être amputée d’une jambe trop douloureuse car atteinte de tuberculose osseuse. Elle continuera à jouer en trouvant diverses stratégies. La vieillesse ne la limite pas notamment quand elle incarne Jeanne d’Arc : « Le coup a porté à tous les plexus, il a ricoché dans toutes les têtes. Alors le public s'est levé, groggy, un peu vacillant, et lui a fait une ovation. L'énergie qu'il faut pour dire j'ai dix-neuf ans quand on en a près de soixante-dix et qu'on flotte dans une informe robe de bure. » Le ton est donné dès la première page du roman.

Voilà un portrait passionnant d’une actrice à la « voix d’or » comme disait Victor Hugo. Elle a marqué son temps par sa présence extraordinaire sur scène, par ses engagements auprès des soldats en guerre, aux côtés d’Émile Zola dans l’affaire Dreyfus ou de Louise Michel qui lutte contre la peine de mort et défend les droits des femmes.

Nous retrouvons avec plaisir le style de Régine Detambel qui redonne vie à une femme étonnante grâce à un regard original.