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Michel Host
(1942-2021)


Une vie d’écriture :
romancier, poète, nouvelliste,
essayiste, traducteur…


Michel Host est décédé le 6 juin 2021 et nous en éprouvons une grande tristesse. Michel Host était un ami que nous avions plaisir à rencontrer pour parler d’écriture et autres sujets liant souvent culture et société.

 

L’entretien
Au fil d’une longue conversation enregistrée en 2005, nous avons réalisé un entretien publié sur notre site (cliquer ici pour le lire dans son intégralité).
Il évoque son rapport à l’écriture, à la poésie, à la nouvelle, au roman, à la traduction…
Il parle aussi de son début de parcours peu commun : Prix Walser (Suisse) pour son premier roman, L’ombre, le fleuve, l’été (Grasset 1984) et Prix Goncourt pour le deuxième, Valet de nuit (Grasset1986). « On devine combien ma perturbation fut grande. Cependant, dans mon parcours d'écrivain (le terme me convient d'autant mieux que je récuse celui de « carrière »), ces prix m'ont apporté une reconnaissance rapide dont les effets se font sentir aujourd'hui encore en termes de fidélité des lecteurs, un petit "bataillon" qui n'a toujours pas décroché. » « Je dois encore à ces distinctions des facilités pour éditer – ce n'est nullement négligeable par les temps qui courent – et je tâche à rendre ce privilège en aidant autant qu'il m'est possible des auteurs débutants, poètes, nouvellistes, romanciers, à publier à leur tour. Je n'oublie pas, dernière retombée, que de l'argent est lié aux prix, qu'il facilite bien des choses, mais aussi que, bien ou mal dépensé, il coule entre les doigts. »
Il se confie aussi sur l’enfance et le rapport à la famille. « La famille, si j'excepte l'amour véritable de mes grands-parents, a dès la prime enfance pris ses distances avec moi. Je ne l'ai donc pas connue selon l'affection mais, dans une chronologie implacable, selon l'éloignement d'abord, puis le total malentendu et l'inimitié, l'indifférence partagée enfin. Le manque, la frustration furent énormes : le roman Valet de Nuit, quelques nouvelles du recueil Les Cercles d'or, représentèrent donc, en manière de psychothérapie, la quête d'une mère acceptable – qui pourtant parut très inacceptable à d'aucuns – et celle d'un père enfin présent, tout cela dans une transposition des lieux et des faits. Quête inaboutie, marquée d'implorations et de violences. Le sujet était encore trop brûlant. L'écriture fit ce qu'elle put, et moi ce que je pouvais alors. Il faut sans aucun doute voir dans mes non relations familiales « un moteur déterminant pour écrire ».

 

Les livres
Nous avons présenté plusieurs livres de Michel Host et notamment le dernier paru, L’êtrécrivain (Rhubarbe, 2021), pour lequel Jean Claude Bologne a écrit une très belle préface.

Les autres livres chroniqués sur notre site :

Poème d'Hiroshima, un texte écrit en 1963

L'amazone boréale, un recueil de six nouvelles

Lysistrata d'Aristophane, traduit du grec ancien sous le titre Faisons la grève du sexe !

Mémoires du Serpent, une nouvelle version de la Genèse

L'enfance de l'art, pour les dix ans des éditions Rhubarbe

Une vraie jeune fille, dix récits drolatiques

 

Danièle Blanchelande
Nous avons aussi réalisé un entretien (cliquer ici pour le lire dans son intégralité) avec sa compagne, la plasticienne Danièle Blanchelande qui a travaillé autour du Poème d’Hiroshima de Michel Host, de la culture japonaise et de la calligraphie.
« Le Poème d’Hiroshima (1964), de Michel Host, a donné lieu entre autres travaux, à la réalisation de deux livres d’artiste. Le premier inclut un hommage à la culture japonaise : il est composé de dix kakemonos (rouleaux verticaux) où sont calligraphiées les stances du poème, liées par des signes graphiques abstraits où allusifs de figurations. Ce sont des encres noires sur fond blanc : le blanc, couleur de la mort dans les cultures asiatiques ; le noir et le camaïeu de gris marquant l’obscurcissement du monde. Ces kakemonos, inclus dans une couverture toilée, peinte en camaïeu de gris, avec un flot de raphia blanc/translucide, comportent à la base des filets déchirés et des algues de sisal teint en rouge. Il fallait ne choisir qu’un rouge foncé, en référence au sang coagulé, puisque le rouge clair est symbole de vie dans les cultures de l’Asie. Dans le second livre, la calligraphie à l’encre noire est unifiée par des "lignes-collages" de papier gris clair. L’expression picturale y est plus dense, plus expressive, composée d’œuvres gouachées dans des camaïeux de gris… »
Une vie d’artiste, un couple d’artistes, quand l’écriture et les arts plastiques s’unissent pour enrichir le champ de la création artistique.


Postérité : loterie ou tombola...
Parlant des écrivains, Michel Host écrit : « Seule certitude : tous nous naissons, œuvrons plus ou moins longtemps, puis mourons, chacun laissant derrière soi un résidu d'écrits plus ou moins conséquent, pages brillantes ou obscures. Le temps est donc le maître de la situation. Il s'affuble en postérité, c'est-à-dire en loterie nationale ou inter­nationale, parfois en tombola de quartier, et l'écrivain défunt ne saura jamais s'il a gagné le gros lot de la semaine, de l'année, du siècle... » (L’êtrécrivain, p. 111)

Brigitte Aubonnet & Serge Cabrol 
(Juin 2021)    




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