Retour à l'accueil du site | ||||||||
En effet, c’est un roman. Mais là est la surprise, ou bien l’astuce de l’auteur, car les premières pages peuvent ressembler à cette sorte de narration puisqu’elles découlent d’un « fait divers », d’une histoire vraie. Ce début expose donc les faits : une fille de 13 ans, témoin d’un drame familial, téléphone à son frère, élève de l’École de danse de l’Opera de Paris. Ce dernier, bouleversé, décide de prendre le premier train et de se rendre auprès de sa jeune sœur. Et dès le chapitre suivant : Nous allons suivre cette affaire. Avec cet intérêt convoqué par l’écriture de Philippe Besson car, au-delà du « fait divers », c’est un moyen de sensibiliser les lectrices et les lecteurs, au drame que vivent ces deux enfants. Ils sont d’abord face à l’horreur, puis au deuil, à la haine, au dégoût, et leurs réactions, parfois sourdes, parfois mélangées, vont se succéder comme leurs sentiments. Au début de cette histoire, le narrateur explique le déroulement des faits. Puis progressivement le frère livre ses réflexions et ses pensées : « Quand je raconte, on pourrait croire que cet enchaînement d’émotions a duré longtemps. Mais non, à peine une poignée de secondes. C’est extraordinaire, tous les états qu’on peut traverser en une poignée de secondes. » Ainsi les conséquences de l’acte du père agissent sur ses enfants. Philippe Besson, comme un acteur, sait faire deviner la pertinence du texte, ce qui est à peine perceptible, dissimulé sous la surface, pour nous le rendre d’autant plus prégnant. En peu de mots, en tournures personnelles, il nous fait ressentir tous les sentiments, étonnements, questions et complications diverses, que cet acte peut provoquer. Cette histoire – qui n’est pas un fait divers –nous amène progressivement à réaliser que la violence était déjà là, qu’elle avait couvé jusqu’à ce quelque chose qui a mis « le feu aux poudres ». Les protagonistes en avaient-ils conscience ? Dans cette histoire, on voit le frère se préoccuper beaucoup de sa sœur Léa. La façon d’évoquer ce drame est subtilement élaborée, romanesque et juste. Certains thèmes sociaux sont abordés, avec cette manière discrète de distiller les motivations animant les personnes qui vivent ce genre de drame. Il s’agit là du talent de l’auteur. Anne-Marie Boisson (20/02/23) |
Sommaire Lectures Julliard (Janvier 2023) 208 pages - 20 € Version numérique 13,99 €
Bio-bibliographie sur Wikipédia Découvrir sur notre site d'autres romans du même auteur : Une bonne raison de se tuer De là, on voit la mer La maison atlantique Les passants de Lisbonne « Arrête avec tes mensonges » Un certain Paul Darrigrand Dîner à Montréal Paris-Briançon |
||||||